vendredi 14 décembre 2007

« Les figures du philosophe-voyou, pour une histoire de la philosophie dangereuse »

Cours 4 : Socrate tranchait des gorges






Introduction :

A) Rappel :

· La dernière fois nous nous étions intéressés au sophiste Gorgias de Leontium, le Sicilien. On avait alors entrevu comment la pensée de Gorgias, qui a souffert pendant 25 siècles d’un discrédit philosophique, se déployait dans la célébration d’un réalisme tragique (quand je dis « tragique », il n’y pas de valeur péjorative attaché au mot : le réel tel qu’il est). L’homme doit choisir entre deux aspects du réel, une « illusion justifiée ». Autrement dit, comme il n’y a pas de vérité, ni de critère permettant l’affirmation de la Vérité, je dois opter pour l’un des deux côtés de la chose, je dois prendre partie pour les choses.

· Et ce qui permettait de transmettre le choix, c’était la persuasion, Peitho, pour le dire en grec ancien. Pas une persuasion qui s’appuie sur la logique rationnelle pure, car une belle démonstration peut laisser un auditoire froid et sans émotion, mais une persuasion qui agit sur le psychisme, sur l’affectif, sur « les tripes », pour le dire avec les mots de Céline. Le sophiste fait donc advenir la valeur par la petite musique du langage, par « la parole habitée par le rythme ». D’où les figures de pensée et de style, qui transforme un discours banal en phrasé poétique et efficace. Que Gorgias invente.

· Le problème demeurait alors de savoir comment le sophiste opère le choix. Qu’est ce qui lui permet de se décider pour l’un plutôt que pour l’autre. La réponse était dans la saisie de son moment opportun, le kairos. Et loin d’être dans une temporalité de l’être et de la durée (ce qui dure est toujours identique à ce qu’il est), nous avions proposé un contretemps : de la rupture, du changement, de l’occasion, de l’instant. Qui désamorçait, par là même, les notions de profiteurs et d’opportunistes : on n’est pas bon ou méchant en soi, mais par rapport aux circonstances qui nous voient l’être.

· Je vous avais fait la proposition, je crois, d’une philosophie à dimension humaine, à la portée de tous, accessible pour vivre sa vie dans l’ici est le maintenant.

B) Socrate et la tradition

· Je voudrais vous entretenir ce soir de Socrate, un philosophe, dont je vous ai déjà parlé, point de jonction entre nos deux philosophes précédents, Protagoras et Gorgias, puisque Platon consacre un dialogue à chacun, mettant en scène Socrate et nos philosophes dangereux.
· On peut s’étonner de la présence de Socrate au milieu des philosophes dangereux et maudits, que je me suis fait un devoir de sortir de l’ombre. Puisque c’est lui qui s’oppose à nos philosophes et qu’on retient de Socrate tout, sauf qu’il soit un méchant homme. On le présente le plus souvent comme l’accoucheur de la vérité, celui qui fait naître la sagesse chez les gens qu’il rencontre, que ce soit des charpentiers ou des aristocrates comme le célèbre Alcibiade.

· Socrate incarne aussi pour la tradition philosophique le point de départ, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, de la pensée européenne. L’histoire de la philosophie se sert de sa vie pour dater les autres penseurs. Je crois qu’il y a eu une influence a posteriori entre Socrate et Jésus. Une sorte de calque réciproque : Platon a forgé une sorte d’évangile païenne (constituée par ses innombrables dialogues qui retracent le vie d’un Socrate idéalisé) et les historiens de la philosophie du moyen-âge, imprégnés par la pensée chrétienne ont naturellement fait fonctionner l’histoire de la philosophie grecque sur le même modèle que le modèle christique.


· On en a même fait le combattant du Bien : ils luttent contre des sophistes, cette sous-espèce d’intellectuels qui pullulent durant le Vème siècle, dangereux par leur absence de préoccupations morales : Protagoras, Gorgias, Ménon, Hippias, Prodicos, Calliclès, Critias… Et toute la cohorte. Il défend des valeurs morales, telles que le Juste, l’Honnête, le Bien, et surtout les dieux qu’il ne remettra jamais en cause… dans une attitude tout à fait idéaliste. L’apparence est trompeuse, les sens aussi…

Nous allons voir donc comment contre toute cette tradition, l’on peut sauver Socrate des flammes de la pureté que lui a réservées Platon. Et faire de lui l’une des grandes figures de la philosophie dangereuse.

I) Socrate le sophiste

Socrate est né en 470, à la fin des guerres médiques. Il a à peu près le même âge que nos sophistes.

A) Un personnage conceptuel

· Tout ce que l’on sait de Socrate, on le sait, majoritairement, de Platon. Car Socrate n’a jamais rien écrit. Il fait profession d’ailleurs de ne rien écrire. Pas de commentaire d’autre auteurs, à l’exception de Xénophon, qui, on le verra, nous livre une image plus terrestre de notre homme. Quand Platon et Socrate se rencontrent, Socrate a 60 ans, et Platon a une vingtaine d’année.

· Il faut donc prendre conscience des conditions de cette rencontre, que l’on livre à l’indifférence et l’insignifiance d’ordinaire. Mais qui sont de prime importance : Platon « tombe » sur un philosophe à la philosophie mature et solide. Presque, pourrait-on dire achevée, puisque Socrate meurt dix ans plus tard, des suites d’une condamnation à mort par le tribunal d’Athènes.

· L’influence s’est faite dans un sens : Socrate vers Platon. La vision du jeune homme va donc s’affirmer et s’affermir. Et ce dernier, à la mort de son maître – dans l’Antiquité, il n’est pas infamant d’appartenir à des Ecoles de pensée, des Philosophies, sans que votre vie soit mise en puéril – se lance dans l’écriture de dialogues qui le mettent en scène. Et puis dans la création de l’Académie. Il a du temps et des marges pour modifier un enseignement sous le signe, déjà, du mouvant et de l’oral.

· L’œuvre de Platon est plus du côté de la littérature (trentaines de dialogues) quant à la vie de Socrate, que du côté du témoignage contemporain et actuel. Il écrit au pro rata du souvenir ou de témoignages indirects. Il va même écrire des dialogues auxquels il ne peut avoir assistés, comme le dialogue du Protagoras. En effet, Protagoras meurt à l’âge de 70 ans en 422 et Platon voit le jour en 428/427, ce qui laisse peu de temps à notre homme pour profiter d’un dialogue philosophique entre les deux compères.

· Je pense, pour reprendre les mots de Gilles Deleuze, abondamment cités par Michel Onfray, que l’on est en présence ici d’un personnage conceptuel. C'est-à-dire que Socrate tel qu’il nous est connu aujourd’hui est le fruit d’un travail littéraire et philosophique de Platon : il sert à donner une forme concrète et humaine aux concepts platoniciens. Rien ne nous permet de penser que ce que dit Platon est vrai. Prudence, donc.

· Pas de textes pour faire émerger la pensée socratique, mais une vie, des événements concordants, des faits, que Platon et Xénophon ne peuvent avoir masqués. Je tiens à dire au passage qu’il y a deux auteurs, jamais enseignés bien-sûr, antiplatoniciens farouches qui sont Aristoxène et Idoménée, tradition hostile à cette vision là. Mais il ne reste que des vestiges de ces textes.

B) Un sophiste de compétition

La première thèse que je voudrais vous soumettre ce soir est que Socrate a été un sophiste ; une grande pointure.

· En premier lieu : quand ce n’est pas Platon ou Xénophon qui parlent, Socrate est généralement désigné du nom de « sophiste » : Idoménée, cité par Diogène Laërce, le compilateur des vies de philosophes, nous dit : « Il était redoutable dans la rhétorique », cela doit être dur à assumer quand on prétend ne pas être un sophiste…dont l’une des qualités était de pouvoir « transformer le discours faible en discours fort », selon Protagoras.

· Eschine, 50 ans après la mort de Socrate écrit : « Ainsi, Athéniens, vous avez mis à mort Socrate le sophiste. »

· Aristophane, dans sa pièce Les Nuées, représentée la première fois en 423 (Socrate a alors 45 ans), nous livre une vision sans équivoque. Voici l’argument de la pièce : un paysan, Strepsiade, qui menait autrefois une vie simple et heureuse, a épousé une fille de la ville, qui lui a donné un fils, lequel recherche le luxe et le grandeur, comme sa mère. Pour satisfaire aux besoins de tout ce petit monde, Strepsiade a dû contracter des emprunts – il n’arriva même plus à payer ses intérêts. Il a alors une idée de génie, du moins c’est ce qu’il croit, qui lui évitera la ruine. Socrate, qui habite à côté, enseigne « l’art de faire triompher la faible cause contre la forte ». Strepsiade va trouver notre homme, mais devant l’ampleur de la tâche, c’est son fils qui prend sa place. Lequel devient bientôt maître dans l’art d’avoir toujours raison…

· Si on conçoit la comédie comme le miroir de la société, c’est ce que je crois, alors, Les Nuées, dans leurs traits grossis, nous livrent néanmoins un Socrate comme emblème des sophistes et cela bien avant la gestation de l’œuvre platonicienne. Si tel n’avait pas été le cas, l’argument comique tombait à l’eau : il fallait pouvoir reconnaître la personne dont on se moquait, l’identifier

· Trois témoignages brefs et innocents, parce que n’étant pas au service d’une idéologie quelconque. Et même lorsque l’on étudie un dialogue de Platon, le jugement est sans appel, Socrate a des mœurs de sophiste, à son corps défendant.

· Dans le Protagoras, Socrate pose la question de savoir si la vertu est une ou multiple. Feignant, comme à son habitude de ne rien savoir, demande à Protagoras de l’aider à trouver une réponse à cette question. Voici brièvement résumés, les étapes de la discussion.

· Protagoras répond que la vertu est une et que les vertus dont ils parlent (sagesse, honnêteté, courage…) en sont les parties. Socrate demande alors si c’est à la manière du visage, composé du nez, des yeux, de la bouche, ou à la manière des parties d’une masse d’or. Protagoras choisit : le visage.
· Socrate alors embraye : les individus ont-ils en partage l’une ou l’autre des ces parties, ou bien quand ils en possèdent une, ils les possèdent toutes ? Protagoras répond que l’on peut être sage sans être courageux, et réciproquement.
· Socrate poursuit sa petite séance de suggestion/ manipulation, car on se doute bien qu’il mène Protagoras vers une aporie, une voie sans issue : est-ce que chacune a sa propriété particulière ? Oui, Socrate répond tout seul : les yeux servent à voir, et pas à manger… Donc aucune des parties de la vertu ne ressemblent ni à la science, ni au courage, ni à la sagesse, ni à la sainteté.
· Socrate en arrive (Protagoras ne peut répondre que par oui) à cette vérité tautologique : la justice est ce qui est juste et est ce qui n’est pas saint, par exemple… ce qui pose un petit problème de logique… car qui peut soutenir que la sainteté est injuste et que la justice est malsaine…

· On a donc affaire à un pur morceau de sophisme: Socrate ne recule devant aucunes techniques oratoires pour l’emporter sur son rival Protagoras. On peut en faire la liste. D’abord, de manière générale, Il utilise l’antiphrase (l’ironie), dès qu’il en a l’occasion. C’est même une marque de fabrique socratique. C’est destiné à piquer l’adversaire, dans la chaire (on compare d’ailleurs souvent Socrate à un taon). Rien de très pacifique là dedans. Il utilise aussi des arguments contraignants, comme la valeur de « bon sens », des lieux communs tels que celui de l’existence, ou de l’inclusion, comme pour le visage. On a aussi des arguments d’autorité ad verecundiam (Prodicos a dit que… qui sont aussi ironiques).

· Il use et abuse des questions : d’abord dialectiques (c’est son fond de commerce), mais surtout oratoires (la réponse est évidente, par exemple : la justice est ce qui est juste). On rencontre des questions éristiques : questions culpabilisatrice, à présuppositions. Toutes sont suggestives, manipulatrices, elles guident l’interlocuteur vers un « piège » qui est la contradiction avec soi-même.

· On a donc le portrait d’un sophiste aux prises avec d’autres sophistes, utilisant les mêmes armes, avec le même comportement, la même réputation. Donc, pour raisonner en sophiste, vous commencez à avoir l’habitude, Socrate est un sophiste dans la mesure où toutes les apparences sont de ce côté, si on en retranche ce que Platon en dit. On n’est même pas sûr qu’il se fût différencié de ses collègues par sa saleté et sa pauvreté. Il a peut-être vécu grâce à la protection d’un riche athénien.
· En tout cas, tout le comportement de Socrate est imprégné de valeurs guerrières : avec lui on est perpétuellement sur le terrain de la joute, du combat avec des mots. Ce qui donne une bonne transition sur la seconde thèse que je voudrais vous livrer ce soir.

II) Socrate tranchait des gorges : le « vrai » Socrate

Cette seconde thèse est que Socrate tranchait des gorges. L’idée, en offrant cette sorte d’oxymoron, est de montrer comment la philosophie a été tributaire d’une image adoucie et mythique de ce qu’elle espérait d’un ancêtre illustre comme la Grèce. L’idée est de faire voir que ce qu’on nous présente comme le plus vil dans l’action moral, le crime, a été perpétré par le père de la philosophie, et l’expert en philosophie morale.

A) Un être humain – la guerre et la question de l’éducation

· Sur quoi s’appuyer pour affirmer une telle folie (Michel Onfray me fait la remarque dans la postface au philosophe-voyou, et n’est pas loin de le penser). Sur l’histoire, tout simplement, et la guerre du Péloponnèse. Rappel : après les guerres médiques, Athènes organise la ligue de Délos avec l’aide de cités grecques, qu’elle transforme en hégémonie impériale.

· Au cours de cette guerre du Péloponnèse, plus une série de coups de mains qu’une véritable guerre, Socrate a servi dans l’armée hoplitique athénienne. Il participe à la bataille de Potidée, Délion, Amphipolis. Socrate a alors la quarantaine.


· On s’attendrait à des témoignages confirmant la fresque d’un Socrate christique, tel que nous l’a laissé Platon, ne tendant la joue gauche que si la droite a été déjà frappée. Comme nous laisse croire Diogène Laërce : « comme souvent, dans le cours de ses recherches, il discutait avec trop de violence, on lui répondait à coups de poing en lui tirant les cheveux, (…) tout cela, il le supportait patiemment. » On croirait lire un passage bien connu de l’évangile.

· En réalité, on a un Socrate surprenant, déroutant, en contradiction avec le personnage conceptuel platonicien. Dans Le Banquet de Platon, et la Vie d’Alcibiade de Plutarque, on trouve deux allusions au Socrate guerrier :


· D’abord à Potidée : premièrement, Platon le décrit pied-nu dans la neige, en train de méditer, alors que tout le monde ressent la fatigue. Et puis, il sauve la vie d’Alcibiade : « Socrate se mit devant lui, et le défendit avec tant de courage à la vue de toute l'armée, qu'il empêcha les ennemis de se rendre maîtres de sa personne et de ses armes. »

· Puis à Délion : Alcibiade décrit Socrate comme un guerrier « épouvantable », qui suscite la peur au sens propre : « Je le vis ensuite qui s’avançait, observant froidement amis en ennemis, et il sautait aux yeux même de loin, que si l’on s’attaquait à un tel homme, il se défendrait vaillamment. » Et il ajoute, une phrase significative : « Généralement, à la guerre, on n’attaque même pas les hommes qui montrent de telles dispositions ; on poursuit ceux qui fuient à la débandade. ».


· On est là devant l’un des détails les plus significatifs de la philosophie. Car, dans l’Antiquité grecque, la guerre est une activité bien particulière. Comme l’a bien décrit Victor Davis Hanson : le guerrier hoplitique est soumis à une violence extrême. Les deux carrés d’hoplites se mettent face à face et chargent. Il faut se représenter les conditions : le poids du bouclier de plusieurs kilos, les lances, le casque, le poids de l’armement. Et puis, le choc des formations, la lance du voisin de derrière manquant vous éventrer, chacun luttant pour sa vie et celle du groupe. La suite, c’était une succession de petits duels, au glaive généralement.

· Pour sortir vivant de ces batailles rangées, une seule solution au Vème siècle avant JC : frapper le premier, percuter avant que l’ennemi l’ait fait pour vous. Et pour inspirer la peur, comme le fait Socrate, au point de provoquer l’admiration d’Alcibiade, il fallait avoir des faits d’armes, il fallait s’être fait une sacré réputation, parmi les ennemis comme les amis.


· Comment interpréter le Socrate guerrier ? Comme une profession de foi philosophique. Le philosophe n’est pas le double d’un saint, incarnant la perfection. Il est humain. Il est habité par la haine, la vengeance, la violence, quand il le faut. Il est habité par le désir, le plaisir, les passions, quand il le faut. Et toutes ces valeurs là, il les assume comme parties intégrante d’un tout, par une sorte de monisme, qui réconcilie le divers, le paradoxal, l’ombre et la lumière en l’homme. En fait, la philosophie socratique rend l’homme habitable pour lui-même. Pas de schizophrénie, pas de dissonances cognitives. L’homme s’assume tel qu’il est dans sa volonté de puissance, pour paraphraser Nietzsche.

B) Un être humain – l’amour et la question de la femme

· L’idée est d’ainsi de présenter Socrate comme un être humain, dans toutes ses dimensions, et de le donner pour modèle pour ces raisons là mêmes.

· L’autre point biographique qui rend Socrate humain, c’est la relation qui le lie à sa femme. Il y a très peu de philosophe qui ont parlé de la question de l’amour, et encore moins de la question de l’épouse ou l’époux. Dans l’histoire de la philosophie, tout se passe comme si les penseurs n’avaient pas de relations amoureuses. Le discours sur le monde, conçu comme art de vivre, se transforme alors en discours sec et « impuissant » (passez-moi l’expression) sur des concepts.


· Socrate, ce n’est pas son cas. Xénophon, dans son Banquet et Diogène Laerce, nous disent le Socrate époux : il est marié à une certaine Xanthippe, qui passe sa vie à rendre celle de Socrate impossible. Elle le tabasse en pleine rue ; elle lui jette de l’eau au visage ; insulte son mari devant ses disciples. Socrate se sauve sans répondre, heureusement. A une époque où la femme, de manière générale, n’avait aucun pouvoir.

· Ces anecdotes socratiques (je vous rappelle la valeur philosophique de l’anecdote) se trouvent éclairées par un propos de Socrate avec Antisthène dans le même texte (le Banquet). Socrate s’est fait reproché de vouloir transformer les hommes, mais il n’est pas capable d’éduquer sa femme. Socrate de répondre : j’ai pris la plus difficile de toutes pour pouvoir maîtriser les tous les autres. Voyez le retour de la philosophie via la vie quotidienne…


· Donc, pour Socrate, la tâche de la philosophie, ce n’est pas le retrait de l’ermite, mais l’affrontement avec le quotidien : se mettre face à des questions simples et urgentes, le désir, la vie, le kama sutra, la mort.


III) Socrate et la question du suicide

J’en arrive naturellement à la troisième thèse que j’ai préparée ce soir : elle concerne la mort de Socrate. Vous connaissez l’histoire. En 399, Socrate est condamné à mort par la démocratie athénienne, qui vient tout juste de revenir au pouvoir après la tyrannie des 30, sur laquelle nous allons revenir. La version platonicienne est que Socrate a été accusé, par des démocrates Anytos et Meletos, de « de ne pas croire dans les dieux et de corrompre la jeunesse ». Et Socrate, après procès menant à la peine capitale, meurt au nom des lois mêmes pour lesquelles il a vécu toute sa vie.

A) Les incohérences du procès

· En réalité, ce procès est plein d’incohérences.

· D’abord, les chefs d’accusation eux-mêmes sont saugrenus.


Ø En effet, Socrate n’a jamais professé qu’il ne croyait pas dans les dieux. Loin de là, une étude rapide des textes nous le prouve : il se considère comme serviteur de la divinité. Il reconnaît l’existence des dieux : il évoque Achille, Ajax, Apollon, Hadès, Héra, Zeus…Il admet aussi que les dieux sont des êtres supranaturels et qu’ils envoient des signes aux hommes par des moyens extranaturels : oracles, songes, voix intérieures. Même les mystères sont évoqués à la fin du dialogue, Criton. Ce n’est donc pas suffisant pour être cité à comparaître en justice, assorti de la peine de mort.

Ø Je vous rappelle que Protagoras, quelques années auparavant est cité en justice pour avoir écrit et professé que « sur les dieux ont ne peut savoir s’ils existent ou non – faute d’obscurité de la question, faute de temps »

Ø Pour la corruption de la jeunesse, mêmes absurdités : Socrate, comme tous les sophistes entend modifier le comportement de ses concitoyens. Ce qui est la base de la démocratie. Il entend enseigner, gratuitement, des techniques qui pouvaient s’appliquer à tous les domaines où la parole jouait un rôle ; il encourageait donc la curiosité intellectuelle et l’indépendance de la pensée. Là, encore une fois, rien de tel pour vous faire mettre à mort.

Ø Sauf pour quelqu’un comme Platon, qui a intérêt à démontrer la perversité du système démocratique, qui condamne son symbole pour des fautes qu’il n’a pas commises.


· Le déroulement du procès est carrément absurde :
Ø Une affaire publique retenait la cour pendant une journée entière, dont l’ensemble était divisé en trois parties, d’égale longueur : accusation, défense, établissement de la peine. Pour Socrate, le type de procès (agon timetos) ne comprenait pas de peine établie par la loi. Il fallait donc que l’accusateur face une proposition de peine et que la défense fournisse une contre proposition. On pouvait aussi citer à comparaître des témoins et s’entourer de supporters (femmes, enfants…)

Ø D’abord, Socrate qui a tant de connections, dirait-on de nos jours, dans le monde politique (c’est ce qu’on lui reproche d’ailleurs et de les avoir pervertis) n’appelle aucun témoin à la barre. Dans ces procès, c’était se condamner d’avance que d’agir de la sorte.


Ø Puis, Socrate, lui si habile orateur, va provoquer ses juges. Alors qu’au premier jugement, il ne perd que de soixante voix. Si trente juges eussent été d’un avis différent, il aurait été acquitté. C’est au deuxième vote qui provoque la sentence de mort : en effet, Socrate, reconnu coupable doit proposer une contre peine. Et il déclare : bien loin d’entraîner un châtiment, sa conduite a mérité qu’il soit installé au prytanée (édifice public où était entretenu le feu sacré et où étaient nourris aux frais de la cité les hôtes, honneurs accordés aux plus grands bienfaiteurs d’Athènes. Puis il propose l’amende d’une mine (dérisoire).

Ø Alors qu’on le voit parader et rivaliser d’intelligence dans tous ses dialogues contre des sophistes de tout bord, son seul vrai discours, il l’aurait perdu ? Peu probable.


Ø Socrate a 70 ans. Ce qui n’est pas mince pour l’époque. Je renvoie au cas Papon et au jugement d’un vieillard. Mettre à mort un vieillard, pour l’époque, car aujourd’hui, ce n’est pas vieux, est de peu d’utilité.

Ø Enfin, une fois qu’il est condamné, Socrate dispose de 30 jours pour faire sa male et échapper à la peine capitale : On attend le retour du navire de l’Ile de Delos. Volonté de rester en prison, donc. Et d’y mourir.

B) L’interprétation : non pas mise à mort, mais suicide

· Ma thèse est que le procès a bien eu lieu, mais que Platon en a déguisé les vrais tenants et aboutissants. Pour lui, il s’agit de montrer le triomphe de l’âme sur le corps. Victorieuse, elle reste fidèle à son être, son identité, dans le même temps où le corps est mis du côté de la prison (soma/sema : en grec). Descente en flamme de la démocratie : justification postérieure d’opter pour la tyrannie, comme Platon.

· Ma thèse est qu’il s’agit d’une mort volontaire. Socrate saisit ce prétexte pour mourir de plein gré. Avec toute sa conscience.


· Le mode d’exécution de Socrate vient corroborer encore la thèse du suicide : puisque la cigüe était généralement administrée pour les suicides.

· Si on comprend bien pourquoi Platon a tout fait pour masquer le suicide, il n’en reste pas moins que la mort de Socrate reste énigmatique. Il s’agit selon moi d’accomplir un acte de la plus grande des libertés. Mettre un terme à sa vie, sur décision, c’est devenir, pour de vrai, l’artisan de sa propre destinée, le créateur de son existence. La création passe aussi par la destruction, le terme, la fin.


· Socrate aussi qui s’est toujours confronté aux dangers quels qu’ils soient, se lance dans une « lutte finale », affronte la mort en face, sans attendre qu’elle vienne le chercher.

· Humilité aussi : il est tant de se taire. Ses chers disciples sont morts : Alcibiade, assassiné, après une vie politique tumultueuse ; Critias, idem, après avoir mené les 30 tyrans au pouvoir (1500 morts/40000citoyens). Il voit que sa succession, c’est Platon, qui est là lors de son procès, mais qui est « malade » lors de l’exécution de Socrate…


En conclusion, je vous laisse méditer sur ce personnage hors du commun, qui, loin d’une imagerie épinalo-platonicienne, nous offre un portrait fort et amère. Celui d’un homme réduit pendant des siècles à endosser un rôle préfabriqué par Platon : sorte de dieu humain qui finit par mourir de l’injustice des hommes. Je vous propose moi, d’honorer le philosophe dangereux qui est en Socrate, celui qui nous permet vivre l’existence avec calme et sérénité. Sans crainte de la mort, sans crainte des angoisses qui sont en nous et qui nous torturent dans notre quotidien. Je vous invite donc à vous vivre tels que vous êtes pour le meilleur et pour le pire.

dimanche 9 décembre 2007

Les enjeux méditerranéens de la francophonie: Géopolitique de la Méditerranée IV

Cette semaine, Mardi 18 décembre à 19h30, Mehdi Lazar reçoit pour son quatrième séminaire Pascal Lepesqueux.


Le sujet du cours est: “Les enjeux méditerranéens de la francophonie”





Dans le cadre du séminaire de géopolitique méditerranéenne animé par Mehdi Lazar, je voudrais aborder un des aspects des tensions en méditerranée : la question linguistique.

La Francophonie, fille commune de la France et de ses anciennes colonies, est vue dans l’idéal de ses fondateurs, Léopold Sédar Senghor, Habib Bourguiba ou Norodom Sihanouk, comme une chance unique d’ouverture et d’unification de peuples forts différents mais ayant en partage une langue, véhicule de valeurs humanistes universelles et instrument puissant de leur diffusion.
Le pendant méditerranéen de cette philosophie, l’arabofrancophonie, s’offre bien comme une alternative à un monde bipolaire qui, après les évènements du 11 septembre, se voit menacé par les intégrismes.

Cependant, comme l’a souligné la visite récente du président français sur le territoire algérien, les rapports sont loin d’être normalisés. Malgré la présence sur son territoire d’une forte communauté arabophone, la République française, au nom du principe d’égalité, refuse de statuer sur le problème des langues minoritaires. En Algérie, la politique d’arabisation forcée poursuivie depuis l’indépendance ne rencontre qu’un soutient populaire tout relatif et doit même faire face à une franche hostilité de la part des berbérophones et des élites francophones. En Egypte, la création d’une université francophone à Alexandrie fait grincer les dents des radicaux islamistes.

M’inscrivant dans une perspective glottopolitique, cette branche de la sociolinguistique chère à Jean-Baptiste Marcellesi et à l’école de Rouen qui étudie "tous les faits de langage où l'action de la société revêt la forme du politique", je voudrais ainsi montrer en quoi la langue peut être un enjeu et un instrument de pouvoir au Maghreb.


Pour préparer ce séminaire, je vous invite à réfléchir à cette citation de Léon Tolstoï : « Quand les peuples pourront se comprendre, ils cesseront de se détester. »


Pascal Lepesqueux



http://upboston.blogspot.com/
bostonup@hotmail.com

L'Université Populaire de Boston sur Wikipédia

Université Populaire de Boston
L’Université Populaire (“l’UP”) de Boston est née du travail d’Olivier St-Vincent, enseignant convaincu que l’acquisition des savoirs peut passer autrement que par les institutions solidement établies, souvent fort onéreuses, qui forment les étudiants de haute valeur sur le sol des Etats-Unis d’Amérique.

Elle correspond à la mise en place outre-Atlantique d’une forme de conception de la transmission de la culture qui prend racine en France au XIXème siècle pour lutter contre l’antisémitisme (révélée par l’affaire Dreyfus). Le concept est progressivement abandonné en grande partie à cause des nombreuses crises et guerres que connaît l’humanité à cette époque et au cours du siècle suivant.

Au XXème siècle, et suite aux élections de 2002 en France qui portent au second tour de la présidentielle Jean-Marie Le Pen, homme politique d’extrême droite, le philosophe Michel Onfray décide de reprendre le concept créé un siècle auparavant en lui redonnant le caractère épicurien de la transmission des connaissances. L’Université Populaire de Caen est née, elle est gratuite, accessible à tous et devient rapidement un élément culturel incontestable de la province normande. Elle fait tache d’huile, conduit à la création d’autres Universités Populaires en France et à l’étranger. L’UP de Boston ouvre donc ses ailes…

Le projet fonctionne lors de sa première année de création par le volontariat de chercheurs ou d’enseignants français qui, sous forme d’interventions universitaires de haute qualité, exposent les aboutissements de recherches ou de travaux personnels et professionnels. Les cours sont dispensés à l’Ecole Internationale de Boston qui prête ses locaux à cette manifestation mensuelle.
Cerise sur le gâteau, Michel Onfray se déplace à Boston pour appuyer de ses conseils et d’une conférence les premiers pas timides de l’UP…
Le succès grandissant du projet conduit le responsable local à s’entourer de nouveaux enseignants et administratifs. L’objectif pour la seconde année de son existence est de donner des séminaires hebdomadaires, en fin de semaine, toujours dans les locaux de l’Ecole Internationale. Intègrent alors au noyau initial Francine Milési, Mehdi Lazar et Pierre Saintin qui participent à la consolidation des bases de l’UP…

Si le principe de l’enseignement gratuit, accessible à tous, ainsi que l’exigence de cours solides et documentés restent la base du fonctionnement de cette nouvelle née, la situation géographique et les relations avec la communauté française localisée en Nouvelle-Angleterre apportent une dimension supplémentaire à l’Université Populaire de Boston. Elle a pour but de devenir un lieu de rendez-vous culturel en plus des savoirs qui s’y transmettent. L’enseignement sous la forme « une heure de cours – une heure de discussion » donne naissance à des interactions très solides entres les différents acteurs de l’aventure, et la logique d’un rassemblement culturel prend ici toute sa dimension.
Des initiatives originales sont mises en place, telles le passage sur les ondes radio (French Toast).

La naissance de la première Université Populaire sur le continent américain se fait dans une des villes emblème de la culture et de l’innovation nord américaine.
Un rapide rappel historique de Boston montre que cette citée a innové dans des valeurs phares de la culture et de la construction des individus :

- première école publique à ouvrir ses portes sur le continent (Boston Latin School) en 1635
- première édition d’un journal sur le sol américain (The Boston News-Letter) en 1704
- premier soulèvement pour l’indépendance des Etats-Unis, symbolisé par le Boston Tea Party en 1773
- lutte contre l’esclavage symbolisée par la New England Antislavery Society en 1832
- première bibliothèque ouverte sur le sol nord américain en 1854…

… et finalement première Université Populaire ouverte en 2006 !

lundi 3 décembre 2007

"retour sur la guerre civile algérienne 1991-1998"


Depuis 1991, l'Algérie a connu une vague de violence, qui a dégénérée, jusqu’en 1998, en une guerre civile.

Ce conflit opposait et oppose encore, dans une certaine mesure, le régime soutenu par les militaires à un complexe réseau d'opposition clandestine, d’abord sous l'égide du Front Islamique du Salut.

Il a été déclenché par le « coup d'Etat » orchestré par l'armée qui avait pour but de bloquer la victoire du FIS aux élections législatives de décembre 1991.

Selon les chiffres les plus communément admis par la presse et la communauté internationale, plus 100.000 personnes ont été tuées au cours de cette période, soit 1200 morts par mois.

En avril 1999, une page a été tournée avec l'élection à la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, candidat des militaires et ministre des affaires étrangères de Boumediène.

Cette élection a suscité de grands espoirs et a fait reculer la violence : Le président a en effet rapidement décrété une amnistie limitée pour les responsables de la violence : la loi sur la concorde civile, et a promis de mettre en œuvre des réformes fondamentales visant à mettre un terme à la violente crise qui secoue le pays depuis 1992.

Cependant si la violence armée est résiduelle, la crise n’est pas finie et la problématique reste plus complexe : dans un environnement marqué par la violence et la corruption, l’inégalité de conditions vécue au quotidien, entraînent la coupure entre les privilégiés et les catégories exclues qui, en l’absence de relais politiques, finissent en partie par envisager la violence comme recours « légitime ».

Cette propension, nourrie par la misère, l’arbitraire et la défaillance du système éducatif, est observée surtout au sein des catégories les plus jeunes, 50 % de la population a moins de 19 ans, peu enclin à accepter une idéologie officielle exclusivement fondée sur la légitimation par l’histoire.

Dans les années 1980, déjà, la poussée démographique accélére l’obsolescence idéologique et la fragmentation dans les milieux qui se réclament encore de l’héritage historique de la guerre de libération è Une minorité exerce le pouvoir, l’influence et le sert aux niveaux élevés de la hiérarchie qui vit de plus en plus dans des ghettos luxueux, s’enrichit de prélèvements occultes et de détournements de biens publics.

Les instruments de sa protection sont la force armée, le contrôle policier et celui des appareils judicaires et administratifs subordonnés. Les autres, le plus grand nombre se dissolvent progressivement dans les masses de la pauvreté, en dépit des faibles avantages qu’ils conservent.

Le prosélytisme islamisme a achevé, dans sa phase d’expansion de faire s’écrouler les discours de mythe patriotique dominant en reprenant à son compte les revendications de l’égalité de condition et de fin de la gestion discrétionnaire de la société è Ainsi, c'est en 1982 que le mouvement islamique se manifeste en tant que tel par deux événements : la grande manifestation étudiante à la faculté centrale d'Alger qui oppose les étudiants de gauche francophones aux étudiants arabisants et islamistes + la création du Mouvement islamiste armé (MIA) par Mustapha Bouyali qui, récupérant « l'imaginaire du maquis et de l'insurrection contre la France en lui donnant une signification islamiste » implante les premiers groupes armés (Keppel, 1994).

Peu à peu, cette mouvance islamiste va s'étendre, capitalisant tout un travail caritatif mené par les associations islamiques de la base qui prenaient en charge problèmes quotidiens des Algériens, palliant la carence de l'Etat et réorganisant la société autour de mosquées qui dispensaient biens et services.

Elle s'appuie aussi sur une rhétorique, celle d'une France cause de tous les malheurs du pays. Le FIS à partir de 1989, date de sa création, veut mettre un terme au métissage culturel de l'Algérie. Pour cela, il faut diaboliser la France et ceux qui ont perpétués sa présence à travers un FLN laïque, socialisant et francophone.

Le monde méditerranéen a assisté aussi à la montée de l'islamisme ; maîtrisé dans des pays comme l'Egypte, la Turquie ou le Maroc, il a dérapé en Algérie (Lacoste, 1996).

Donc, si la problématique s'exprime simplement, sa manifestation sur le terrain est infiniment plus complexe.

Certains ont pu se demander si les émirs remplacent les colonels ? La religion est-elle une couverture pour l'appropriation par la guerre du pouvoir et de la richesse économique (Martinez, 1998).

En tout cas, avec la multiplication des acteurs impliqués dans le maintien de l’ordre, milices locales et organisations paramilitaires notamment, en plus des différents groupes armés, le champs des intérêts se fragmente et la société se militarise. Est-ce que cela a été uniformément sur tout le territoire algérien ?

Nous verrons à ce sujet, le cas de Blida, dans la plaine de la Mitidja et l’Algérois ==> ces espaces furent, en effet, le théâtre de nombreux meurtres, notamment depuis l’entrée en lisse des GIA depuis 1993.

La situation fut à son paroxysme lors des années 1996/1997 avec de nombreux massacres dans les environs de Blida.

Car si il y un constat global de l’insécurité en Algérie, des causes au maintien de la violence ou à sa supériorité sur certains territoires viennent de facteurs locaux spécifiques (Salgon, 1999). Et si ce conflit est de basse intensité, la région centre de l’Algérie fut la plus touchée et notamment la plaine de la Mitidja. De même J-M Salgon, dans son ouvrage violences ambiguës (Salgon, 1999) propose une typologie des maquis: celui de Chréa est stable et compose avec celui de Larbaa, de Bouinan et Souma le tristement célèbre « triangle de la mort » en joignant Alger.

Or ce qui est problématique c’est que normalement la guérilla se développe le plus souvent dans des régions excentrées, propices à une action clandestine (Soppelsa, 1987), et que la ville de Blida se trouve à une cinquantaine de kilomètres d’Alger et dans une situation de carrefour, de surcroît dans la première région militaire du pays. Par ailleurs, c’est à Sidi El Kebir (Blida) que fut perpétré un des premiers massacres collectif de la guerre civile en 1996 (35 morts).

Une tentative d’éclaircissement de la situation semble donc bienvenue : il serait opportun de s’interroger sur le profil géopolitique de ces ville, de se demander qui intervient sur ce territoire et pour quelles raisons, et de savoir quel est le rôle de l’histoire et des représentations ?


1. Caractéristiques et causes de la crise



· Caractéristiques de la crise / synthèse des mouvements islamiques


· Causes de la crise


· Une courte analyse de l’espace algérien


· Conclusion : les paradoxes de la guerre civile



2. Des rivalités de pouvoir sur des territoires


· Le symbole et l’intérêt d’Alger


· Blida un site et une situation exceptionnelles


· Evolution stratégique des villes de Blida et alger


· Conclusion : Un urbanisme et une géographie du terrorisme



3. Les représentations des acteurs


· Le pouvoir: la logique du sytème


· Le peuple : l’armée décridibilisée



· Les islamistes : divergent sur les modalités d’action (not. Le rôle de la société) mais non le diagnostique


· La communauté internationale : une affaire algéro-algérienne


· Conclusion: des representations antagonistes ==> la bataille du souvenir de la guerre de libération


4. Conclusion


· 1994 et le tournant de la guerre: FMI, éradicateurs et GIAs


· Une géographie régionale et urbaine du terrorisme: “la géographie ça sert d’abord à faire la guerre” (Lacoste, 1976)


· Frontières mentales: replis de l’espace sur soi, à toutes les échelles


· Le retour de la violence légitime (et historique) et du monopole de la lecture de l’histoire


· Des réformes économiques discrètes


· Un fond incompressible de violence? Une mutation du mode opératoire et des revendications: du GSPC à Al Quaida Maghreb


dimanche 2 décembre 2007

Histoire de la philosophie dangereuse", animé par Olivier Saint-Vincent


Cette semaine, vendredi 07 décembre à 19h30, Olivier Saint-Vincent animera son quatrième séminaire sur "L’histoire de la philosophie dangereuse".

Le sujet du cours est: " Socrate tranchait des gorges"

Socrate est connu comme le père de la philosophie : Bien, Honnête, Justice, Vérité… Mais qu’en est-il véritablement ? La réalité du personnage n’a-t-elle pas été « déguisée » par Platon, encore une fois ? C’est ce que nous verrons vendredi soir.

Olivier St-Vincent
Responsable de l'Université Populaire de Boston
http://upboston.blogspot.com/
bostonup@hotmail.com
001-339-227-7554

Création d'une Université Populaire francophone à Maurice: Article paru dans l’Express-dimanche du 7 octobre 2007

Article paru dans l’Express-dimanche du 7 octobre 2007 :

Université populaire : Le savoir pour tous

Pas besoin d’avoir été à l’école pour accéder à cette université, ni même de débourser des sous pour suivre les cours offerts. Maurice aura, à partir du 15 octobre, son Université populaire. Oubliez tout ce que vous savez des universités académiques.
Le principe de celle-ci c’est qu’elle est ouverte à tout public, elle propose pour l’instant neuf disciplines, elle ne délivre aucun diplôme et on n’est même pas obligé de suivre tous les cours. Sa devise :
« Ouvrir la connaissance à tout le monde, démocratiser la culture et développer l’esprit critique »

Les cours ont lieu une fois par mois pour chaque discipline dans la salle du conseil de la mairie de Port-Louis de 17 h 30 à 19 h 30.
La première heure est consacrée au cours proprement dit. La deuxième consiste à répondre aux questions et à prendre les réactions. Ces cours débutent le 15 octobre par la philosophie. Pour ce qui est des intervenants, ils sont tous diplômés et/ou ont une activité professionnelle liée à l’enseignement qu’ils dispensent bénévolement.

Pour plus d’informations et pour s’inscrire, vous pouvez consulter le site web www.upmaurice. wordpress.com ou écrire à upmaurice@ gmail. com. À noter que cette université existe ailleurs et a vu le jour au Danemark depuis les années 1800. À Maurice, c’est la mairie de Port-Louis et le groupe CIEL qui parrainent

BONNE CHANCE A L'UNIVERSITE POPULAIRE DE MAURICE!

Sources: http://www.ambafrance-mu.org/spip.php?article393 et http://www.ambafrance-mu.org/spip.php?article394

Voir aussi l'article en ligne:
http://www.afriquenligne.fr/actualites/education/lancement-d'une-universite-populaire-a-maurice-2007100510062/




samedi 1 décembre 2007

Eléments de bibliographie sur la guerre civile algérienne 1991 - 1998:

Ouvrages:

Addi Lahouari, Les mutations de la société algérienne, La Découverte, 1999.

Benrabah Djellouli, Farès, Les violences en Algérie, Odile Jacob, 1998.

Boukra Liess, Algérie, la terreur sacrée, Favre, 2002.

Bourdieu Pierre, Sociologie de l'Algérie, PUF, Que Sais-je, 802, 1958.

Burgat François, L'islamisme au Maghreb, Karthala, 1988.

Cote Marc, L’Algérie, Masson/Armand-Colin, 1993.

Deluze-Labruyére J., processus et formes d’urbanisation en Algérie, le cas de Blida, 1983.

Département de géographie humaine des universités de Annaba et constantine, Mutations en Algérie, Presses universitaires de Caen, 1997.

Joanne Adolphe, L’Algérie, Lacour, 1992 (1895).

Kepel Gilles, A l'Ouest d'Allah, Folio, 1994.

Kepel Gilles (ed.), Exils et royaumes, Presse de la fondation nationale des sciences politiques, 1994.

Kepel Gilles, Djihad. Expansion et déclin de l’islamisme, Folio actuel, 2000.

Labat Séverine, Les Islamistes algériens, Seuil, 1995.

Lacoste Yves, Ibn Khaldun, La découverte, 1998.

Lacoste Yves (ed.), L’état du maghreb, la découverte, 1991.

Malti Djallal, La nouvelle guerre d’Algérie, La découverte, 2000.

Martinez Luis, La Guerre civile en Algérie, Karthala/Ceri, 1998.

Mutin Georges, La Mitidja, décolonisation et espace géographique, éditions du CNRS, 1977.

Nabi Mohamed, L’Algérie aujourd’hui ou l’absence d’alternatives à l’islamisme politique, 2000.

Planhol De Xavier, Les nations du prophète, Fayard, 1993.

Planhol De Xavier, Manuel géographique de politique musulmane, Fayard, 1967.

Salgon Jean-Michel, Violences ambiguë. Aspects du conflit armé en Algérie, Paris, CHEAM, 1999.

Souaïdia Habib, La sale guerre, La Découverte, 2001.



Articles :

Addi Lahouari, « L'armée algérienne se divise », in Le monde diplomatique, mars 1999.

Addi Lahouari, « L'armée algérienne confisque le pouvoir », in Le Monde diplomatique, février 1998.

Benchiba Lakhdar, Ellyas Akram, « Le mur de l'argent fragmente la société », in Le Monde diplomatique, octobre 2000.

Callies de Salies Bruno, « L'Algérie sous la terreur », in Le Monde diplomatique, octobre 1997.

Callies de Salies Bruno, « Les luttes de clans exacerbent la guerre civile », in Le Monde diplomatique, octobre 1997.

Carlier Omar, « D’une guerre à l’autre », in Confluence méditerranée n° 25, 1998.

Grignard Alain, « La littérature politique du GIA des origines à Djamel Zitouni. Esquisse d’une analyse » in F. dassetto (dir). Facettes de l’islam belge. Academia-Bruylant, 2001.

Hadjadj Djillali, « Qui tue qui ? Mauvaise question pour un vrai drame », in Les Cahiers de l'Orient N° 51 3/ 1998.

Khalladi Aïssa, « Esquisse d'une géographie des groupes islamistes en Algérie », in Hérodote, N° 77, 1995.

Karabadgi Fayçal, « L'économie algérienne menacée par la mafia politico-financière », in Le Monde diplomatique, septembre 1998.

Lacoste Yves, « Les causes spécifiques du drame algérien », in Hérodote, N° 77, 1995
.
Martinez Luis, « islamisme : le puzzle disloqué », in Les cahiers de l'Orient N° 51 3 / 1998.

Martinez Luis, « Les groupes islamistes entre guérilla et négoce : vers une consolidation du régime algérien ? » Etudes du CERI, Paris, 1995.

Michalon, Thierry, « L'Algérie des cousins », in Le Monde diplomatique, novembre 1994.

Mongin Olivier, « Le Sale avenir de la guerre civile en Algérie », in Esprit, 1997.

Mouffok Ghania, « Mémoire meurtrie de la société algérienne », in Le Monde Diplomatique, juin 2000.

Sané pierre, « Algérie : Qui profite de cette situation ? » in Libération, 7 Mai 1997

Stora Benjamin, « Ce que dévoile une guerre. Algérie 1997 », in Politique étrangère 4 / 97.

Stora Benjamin, « La société algérienne : entre trabendisme et citoyenneté », in Les cahiers de l'Orient N° 51, 1998.