dimanche 25 novembre 2007

“Géopolitique de la Méditerranée”



Cette semaine, vendredi 30 novembre à 19h30, troisième séminaire.
Le sujet du cours est: “Retour sur la guerre civile algérienne


Ce séminaire est le premier des études de cas géopolitique sur la zone méditerranée. La démarche est donc double : illustrer, par un cas concret, les méthodes de l’analyse géopolitique et, parallèlement, proposer une lecture originale et documentée de la guerre civile algérienne (1991-1998), souvent méconnue et incomprise.

Le FIS à partir de 1989, date de sa création, proposa un projet islamique à l’Algérie. Pour cela, il lui fallu diaboliser la France et ceux qui ont perpétué sa présence à travers un FLN laïque, socialisant et francophone. Le monde méditerranéen assista aussi à la montée de l'islamisme. Comment expliquer alors le fait qu’il fut maîtrisé dans des pays comme l'Egypte, la Turquie ou le Maroc, alors qu’il dérapa en Algérie ? En outre, le terrorisme s’est-il produit uniformément sur tout le territoire algérien ?

Je pense qu’il est pertinenent de tenter une analyse géopolitique de la guerre civile algérienne car ces phénomènes ont forcément (i) une incidence et des bases spatiales, mais (ii) sont également la source et la conséquence de rivalités de pouvoir sur ce territoire algérien, impliquant différents types d’acteurs. Une mise en perspective historique permettra de situer le conflit sur le temps long, tout comme nous nous attacherons au temps plus conjoncturel du politique et au temps événementiel du conflit. L’espace sera central et servira de base à la démonstration, de nombreux exemples seront empruntés à la région de la Mitidja et à la ville d’Alger, dans une dialectique des échelles, entre le national, le régional et le local.



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"Les figures du philosophe-voyou, pour une histoire de la philosophie dangereuse", Cours III: Gorgias ou la rhétorique du fantôme


Introduction :

A) Rappel :

· Nous nous étions arrêtés, la dernière fois, aux aventures de Protagoras, le premier des sophistes, dont la philosophie se donne comme une force vive au beau milieu du siècle d’or, le Vème siècle, le siècle de la démocratie. Force vive, car elle affronte la tradition idéaliste représentée par Parménide et les Eléates, qui prétendent que l’Etre est unique, que la réalité n’est que reflet et illusion.

· Nous avions vu que c’était aussi Platon que Protagoras gênait et avec lui le système de pensée idéaliste grec.

· Avec Protagoras, on a un réel divers, changeant, contradictoire, et il n’y a pas d’arrière monde. Il n’y a que les apparences. On avait dit l’invention de la phénoménologie : l’être est le phénomène, ce qui apparaît au sujet – à travers la célèbre sentence, « l’homme est la mesure de toute chose, des choses qui sont qu’elles sont, des choses qui ne sont pas, qu’elles ne sont pas ». On avait dit aussi la tragédie : l’homme est livré à lui-même, sans le confort reposant de pouvoir s’appuyer sur les divinités – il doit survivre par la ruse, l’artifice, le subterfuge.

· On avait conclu à ce que, même si la philosophie de Protagoras est une philosophie dangereuse, qui donne des armes conceptuelles pour devenir démiurge de sa propre existence, cela n’était pas contradictoire avec le régime démocratique, et que c’était même ce dernier qui permettait au sophiste de prendre son essor, et que pour cette raison même, il n’y avait pas de conspiration possible.

· Donc, pas de bien ni de mal pour Protagoras, mais que de l’utile, fruit d’un accord de soi avec soi ou des hommes entre eux, c’est selon.



B) Gorgias et la tradition


· Le deuxième philosophe qui fournit un socle à la pensée dangereuse, c’est Gorgias. Tout comme Protagoras, on le classe dans les présocratiques : même aberration puisque Gorgias s’entretient avec Socrate, et a lu le dialogue de Platon qui porte son nom, le Gorgias. Toujours dans la même logique christique de la philosophie, qui commencerait réellement à bien se conduire avec la pensée socratique. On verra d’ailleurs prochainement, qu’on peut tout à fait faire une autre lecture de Socrate, et l’intégrer également à notre archipel de penseurs maudits.

· Au sujet de la réputation de Gorgias : plus qu’à Protagoras, on le cantonne dans les allées de la rhétorique. On le relègue aux frontières de la pensée, aux artifices de la langue. Brillant prof de rhétorique, grand technicien de la parole.

· Quand on évoque sa philosophie, on passe rapidement, se servant de ses assertions provocatrices (rien n’existe) pour le disqualifier d’emblée. Quelqu’un qui dit qu’il n’y pas de réel est fou ou alors il prend le monde pour ce qu’il est ou n’est pas : des idiots. Mais si la philosophie a pour but la recherche de la vérité, l’établissement de la vertu, alors la philosophie de Gorgias n’est pas sérieuse, comme circonstanciée, adaptée donc adaptable, donc bancale.

· En fait, au même titre que Protagoras, il a une philosophie forte, matérialiste aussi, certes. Peut-être encore plus perturbante que celle de Protagoras, car il va plus loin que lui, là où personne n’aura plus jamais osé après lui.


C) L’homme


· Gorgias est sicilien, de Léontium (naissance vers 485-80), tout comme Protagoras, c’est un métèque. Il a vécu pendant 108 ans. On reviendra sur ce prodige, un peu plus tard. Contrairement à Protagoras, il n’a jamais été l’objet de persécution : pas d’autodafé, pas d’exil au programme. Il a voyagé dans la Grèce antique, sans se fixer quelque part en particulier, pour terminer ses jours en Thessalie.

· Question célébrité : il a dû susciter la jalousie. Les textes disent que sa notoriété et son audience furent immenses : on lui consacre une statue d’or massif à Olympie. Platon lui, selon son habitude, rédige un dialogue sur notre homme. La grande stratégie et tactique de Platon est d’utiliser une personne réelle pour la transformer en personnage, qu’il jette dans une intrigue, qu’il manie à sa guise, qu’il fait parler, perdre aussi, bien évidemment. Au point que Gorgias dit, une fois qu’il eut lu le dialogue de Platon : « Il aime bien se moquer celui-là ». On n’a pas de dialogue de Protagoras, de Gorgias ou d’aucun autre sophiste sur Platon, preuve qu’ils étaient préoccupés par d’autres choses. Et que ce dernier fait parler de lui en parlant de gens célèbres.

· Nous ne servirons pas des textes de Platon, peu crédibles, mais des fragments, pour tenter de retrouver l’esprit véritablement novateur de Gorgias



I) L’anti-ontologie

A) Protagoras et le fantôme de Gorgias



· Pourquoi Gorgias, ou la rhétorique du fantôme. D’abord, bizarrement, on n’a pas d’éléments biographiques sur la vie de Gorgias qui soient communs avec Protagoras. J’ai fouillé partout, d’ailleurs personne ne se pose la question, pour trouver des anecdotes qui diraient la rencontre de Gorgias et de Protagoras.

· Or, tout porte à croire que les deux hommes ont dû se croiser. Ils ont le même âge, plus ou moins, appartiennent à la même communauté, celle des métèques (on est alors dans une société de classe – citoyens, métèques, esclaves).

· Ils n’ont pas pu faire autrement. Platon les a connu tous les deux. Comme Socrate. C.f. les dialogues socratiques. Ils se refilent même les disciples : Périclès, Critias, Thucydide, … on pourrait faire une liste relativement longue des élèves communs. Dans ces cas là comment ne pas penser la rencontre.

· Quand on scrute leur pensée, il y a des ressemblances, un air de famille, celui de la sophistique, mais des points de divergence. On peut faire l’hypothèse de "dialogues", qui ne sont pas rares entre gens de même fonction, même origine, même âge…

· Comment expliquer le silence sur cette relation ? C’est pour cela dans un premier temps que je parle de « fantôme ». Car même s’il y eut rivalité, entre Protagoras et Gorgias, entre la statue en or d’Olympie et la sorte de grande star que nous décrit Platon dans le dialogue éponyme, Protagoras, tous les deux, quand ils sont au sommet de leur gloire, sont âgés, et cela n’explique pas l’absence totale d’allusion de l’un envers l’autre, comme s’ils ne s’étaient jamais vus de leur vie.

· Esquisse de réponse : L’un comme l’autre ne font pas dans la dramaturgie, pas de récits avec personnages et action. Ce qui les intéresse, c’est le discours sur le réel, la philosophie, pas de parler du voisin.

· Mais aussi, la plus grande partie des restes biographiques, sont des restes platoniciens : on ne peut tabler sur un oubli de Platon qui fait se répondre d’un dialogue à l’autre les idées des personnages, et qui comme un Balzac grec nous donne à voir l’évolution de certains personnes. Des sortes de Rastignac athénien. L’intérêt pour notre homme est de circonscrire le danger, de hiérarchiser les problèmes : une fois réglée la question de Protagoras, on règle celle de Gorgias.

· Je fais l’hypothèse aussi qu’il y a une sorte d’ironie pour un philosophe qui, comme nous allons le voir, a énoncé que rien n’existait à disparaitre, tel un fantôme, de la scène intellectuelle.


B) Les thèses fantômes d’anti-ontologie


· Comme Protagoras, Gorgias veut montrer l’inanité de l’être parménidien (L’être est, le non-être n’est pas). Il organise en trois thèses sa démonstration : 1) rien n’est 2) Même si l’être est, alors il est inconnaissable 3) Et même s’il est connaissable, alors cette connaissance de l’être est incommunicable à autrui.


· Première thèse : La démonstration que fait Gorgias est assez formelle, se fondant sur le raisonnement pur, la logique du discours, on est loin de la simplicité énigmatique de Protagoras et de ses formules terrassantes.

· Si on soumet le non-être au principe d’identité qui dit que « L’être est » on doit dire que le non-être est le non-être. Ce qui brouille les choses : le non-être est, et inversement, l’être est le non-être. Il n’y a rien. Par conséquent.

· Ce que congédie donc Gorgias, c’est les prétentions du discours sur l’être, l’ontologie. Il ne peut pas y avoir de preuve discursive et logique de l’être, pas plus que physique.


· Deuxième thèse : Même si un tel être existait, il serait « inconnaissable pour nous du moins ». En effet, les choses que nous voyons et entendons sont parce qu’elles sont représentées. On ne peut se « représenter » des choses qui ne sont pas, comme un combat de chars en pleine mer, même si l’on peut les penser. Donc la représentation de l’être ne nous livre pas l’être. Il y a une séparation de la pensée et de l’être. La connaissance est impossible.

· La théorie de la perception chez Gorgias éclaire cette thèse : Selon Gorgias, à la suite d’Empédocle, émane de chaque chose des effluves. Chaque sens est constitué par des pores d’une certaine dimension, qui sélectionnent les effluves qui lui sont proportionnées par la taille. Donc ce que l’âme saisit dans la perception, c’est les effluves d’une chose, et même une partie des effluves de cette chose, pas la chose, qu’elle ne peut pas connaître vraiment.

· La perception est un phantasme. Eloge du subjectivisme.


· Troisième thèse : Même si l’être était connaissable, il ne serait pas communicable à autrui. On en prend connaissance par la perception, et l’on le communique par le langage. Or les deux sont différents. Les perceptions des sens sont difficilement traduisibles en mots : parler des couleurs à un aveugle ne l’instruit en rien ; par conséquent le langage ne transmet pas l’expérience par laquelle le réel se livre.

· Comme dit Gorgias, « Les choses ne sont pas des discours ». Et, comme il le dit dans le Discours de Palamède, « si donc il était possible, par le moyen des paroles, de rendre la vérité des faits pure et évidente aux auditeurs, le jugement serait sans embarras… »



II) La poésie des illusions


A) Le langage comme médecine


· De cette anti-ontologie, la première conséquence c’est l’éloge de l’apparence, l’affirmation que le réel, c’est ce qui se manifeste à nous. « L’être s’éclipse si ne lui échoit pas le paraître, le paraître s’exténue si ne lui échoit pas l’être. » dit Gorgias dans son fragment 26. On retrouve sous un autre angle la phénoménologie de Protagoras, à ceci près que c’est la manière de surmonter le réel contradictoire, sans cesse changeant, qui va faire la différence. Les contraires s’affrontent perpétuellement, et leur neutralisation est impossible : il y a une vision tragique chez Gorgias qui voit le réel tel qu’il est, dans toute sa nudité.

· La seule chose à faire, et c’est la réponse gorgianique, est de prendre parti, pour le dire avec les mots de Francis Ponge, pour l’un ou pour l’autre côté de l’alternative, en « convertissant » (mot à mot, en le faisant tourner) l’homme par la douceur persuasive du langage. Il faut bien trancher le nœud gordien, et arrêter l’esprit sur l’un des aspects du réel, légitimé par le discours.

· C’est le discours qui crée les apparences qui constituent la réalité humaine, le savoir humain, en choisissant le côté du réel qui doit se manifester.

· Gorgias sait que le langage n’évoque qu’une apparence mais que cette apparence est légitime : et il prend l’exemple d’Hélène (jeu de mot, ravissante, ravie), le discours tranche en faveur de son innocence.

· Le langage devient ainsi le médecin des âmes divisées, des âmes malades de la vie, et vient apporter le médicament du discours apaisant, par la puissance de son architecture logique.

· Il ne supprime pas le contraire, il le place aux frontières, à l’extérieur en pacifiant à l’aide du langage.

· C’est là où surgit le danger : le monde déchiré par la contradiction est aux mains du sophiste qui doit faire le monde, au sens étymologique grec de poiein, la poésie. Même s’il s’agit d’une entreprise pacifique – non violente.

· Gorgias prend alors l’image du peintre qui au moyen de l’image d’un corps apaise la vue au départ tiraillée par maintes couleurs.


B) Le sophiste artiste


· Gorgias crée donc une nouvelle figure insoupçonnée de Protagoras : la figure du sophiste-artiste : le plaisir que crée l’art, en réduisant la contradiction à un choix, le multiple à l’unique, rend le monde habitable pour l’homme.

· Ainsi du sophiste, Gorgias : ses raisonnements de toute beauté ne disent pas le réel (il est clair sur l’incommunicabilité des choses par la parole), mais plutôt permet de donner à l’esprit un havre de paix, un moment de repos dans un monde si changeant.

· L’œuvre de la poésie est de créer l’illusion, parce que pas de prétention à dire le réel, mais illusion souhaitable et bonne, parce qu’elle crée une cohérence mentale chez l’homme, ce que Gorgias appelle une illusion justifiée.

· Progressivement, habilement, Gorgias fait passer le discours sophiste à l’intérieur du champ de la poésie : « La poésie dans son ensemble, je le juge, je la nomme une parole habitée par le rythme ».

· Et cette illusion justifiée, exactement comme chez Protagoras, est d’autant plus légitime qu’elle est partagée par un plus grand nombre de gens et participe à fonder le monde culturel humain.

· Or, cette illusion est communiquée aux autres hommes, non pas par la logique, non pas par la traduction des choses en mots (d’ailleurs il n’y a que des illusions), mais c’est par l’émotion.

· Les relations entre les hommes et les femmes (ce que l’on appelle « intersubjectivité ») : si le langage ne transmet pas les choses, il peut communiquer l’émotion.

· On pourrait le rapprocher de Céline, ce qui ne va pas rassurer la salle, avec sa petite musique, dans Entretien avec le professeur Y. Ce qui importe au langage, plus que désigner un réel hypothétique, c’est de toucher l’âme, émouvoir.

· C’est pourquoi Gorgias appelle des vautours « des tombeaux vivants »

· La question reste de savoir comment précisément faire agir la petite musique, comme le dit Céline. ? On en arrive naturellement à l’étude de la conduite des âmes, selon le mot grec « psychagogie », art de conduire l’âme par la persuasion (peito).


III) La manipulation magique


A) La passivité de l’âme


· La conception que se fait Gorgias de l’âme est celle de la passivité ou passion, au sens étymologique. L’âme, tout comme le corps (il faut d’ailleurs souligner le monisme de Gorgias, qui traite l’âme et le corps comme un seule et même élément) est soumise à ce qu’elle reçoit du dehors.

· Nous avons vu comment Gorgias conçoit la perception : transport dans l’âme d’une empreinte ou d’une image des choses. Cette présence de l’image dans l’âme a pour conséquence le fait que la perception peut devenir hallucinatoire et entraîner des réactions violentes. Gorgias prend alors l’exemple des armes de guerre : chez certains, la vue est bouleversée. Le corps est donc une sorte de matière sur lesquels les apparences laissent des empreintes.

· La seconde forme de « passivité de l’âme » est son ouverture au langage. Mais comme la passion du langage est moins forte que la passion sensible (le revolver ne fera jamais aussi peur en mots qu’en « vrai »), il faut mettre l’âme dans une situation de réceptivité. Il faut la séduire. Le nom de cette séduction, c’est Peitho, en grec, la persuasion.


B) Peitho


· Le discours seul ne peut rien sans la persuasion, qui agit non seulement sur les sens mais aussi sur l’âme. Gorgias dit : « La persuasion quand elle est jointe aux discours, modèle à sa guise l’âme aussi. »

· Persuader consiste à créer une sorte de climat affectif propre à entraîner l’adhésion des autres. C’est ce climat qui va donner du poids aux arguments et agir sur la réception psychique des auditeurs. Gorgias disait « qu’il fallait détruire la gravité des adversaires par l’ironie, et leur ironie par la gravité. »

· Un raisonnement peut ne pas comporter de réfutation et ne pas entrainer la conviction dans le même temps, s’il n’a pas la persuasion.

· Quelle est donc la recette de cette Peitho ? Comment faire pour donner au discours ce tranchant qui permet au discours de vaincre ? Et bien, il faut revenir à la définition que donne Gorgias de la parole poétique, c'est-à-dire la parole rythmée.

· Il faut alors penser à toutes les figures de style inventées par Gorgias, reprises par Quintilien : L’allégorie, l’anadiplose, l’antithèse, l’apostrophe, la brachylogie, l’épanalepsis, l’isocolia, la catachrèse, la macrologie, la métaphore, l’homoiotéleute, la parisose, l’hyppallage, l’hyperbate… Autant de figures et de tropes destinées à rythmer le discours du sophiste, par des répétitions de mots, des reprises… Tout ce qui scande, martèle l’expression…

· Le vocabulaire même employé par Gorgias pour dire l’action de la parole persuasive renvoie aux pratiques magiques qu’exerçait d’ailleurs le maître de Gorgias, Empédocle, pour de bon, en tant que médecin. Ainsi progressivement le sophiste, en la personne de Gorgias, se fait sorcier. La persuasion du discours fonctionne par envoûtements, par formules incantatoires, rites et évocations magiques.

· On rejoint alors une idée précédente : dans l’Antiquité, le médecin est souvent lié à des rites magiques : ici il s’agit d’une sorte de magie linguistique. Dans L’éloge d’Hélène, Gorgias nous dit que les incantations de la parole peuvent retirer le chagrin, comme un médicament.

· Cependant, cette illusion justifiée que l’on transmet aux autres par Peitho et qui sert à évincer illusoirement certes le réel toujours double est double aussi en elle-même. Sans être mauvaise, la persuasion n’est ni bonne, ni mauvaise, tout dépend de l’usage qui en est fait.

· Vous pensez bien que Platon a profité de cette occasion pour tirer à boulets rouges sur Gorgias, pour lui retirer toute prétention à la sagesse et la justice. Prétendant que l’on peut très bien choisir l’aspect dangereux de l’alternative, sans aucune préoccupation morale.

· Vous allez voir comment Gorgias se tire de ce piège platonicien par sa théorie du kairos, du moment opportun.


IV) Le « contretemps », le kairos, ou le temps comme moment opportun


A) Les conceptions du temps dans l’Antiquité


· Le sentiment que le temps n’est pas mécaniquement découpé en petits morceaux d’égale quantité, mais des petites occasions favorables pour l’action qui vient à propos, est une idée qui voit le jour avant Gorgias, chez les Grecs : on la trouve chez Théognis et Pindare. Mais Gorgias fut le premier à écrire sur la question, semble-t-il, et à en produire une théorie.

· Le temps continu, le temps qui dure et qui permet de comparer les instants et dénoncer leur différence, a lui aussi ses adeptes, les idéalistes essentiellement, et sert de soubassement à une conception logique du monde, qui n’accepte pas, bien-sûr le principe de contradiction du réel : ce qui est doit être dans un temps aligné, identique à soi au cours de la durée. L’Etre n’est pas seulement grâce à telle ou telle circonstance, mais il est en soi toujours.


B) Le contretemps gorgianique


· Gorgias, lui, refuse cette conception, qui fait de l’éternité la vérité du temps. Il conçoit un temps discontinu, haché, constitué d’à propos et de contretemps. La valeur d’un contenu ne se laisse pas estimer à sa pérennité : un instant fugitif peut contenir une charge beaucoup plus intense qu’un temps monotone et éternel.

· Cette conception du temps légitime la théorie de l’illusion justifiée, qui vient soustraire l’homme à la contradiction du réel en évinçant l’un des contraires, par un parti-pris unilatéral. Or, ce choix n’est pas arbitraire et gratuit, il se fait selon le kairos.

· Et pour pouvoir choisir l’aspect que la situation requiert, il faut être sage et juste. Sagesse, puisqu’il faut peser et évaluer. Juste, car c’est toujours de justesse que l’on saisit son kairos, ou pour le dire avec les mots de Gorgias : « les choses pleines de sèves et de sang ». Le sophiste, selon Gorgias, ne se live pas à des exercices de retournement de veste, mais à des sautes de temps, des contretemps.

· On peut donc dire que Gorgias est le premier penseur d’une temporalité pratique :
- il se trouve habilité à former des hommes politiques, les futurs gouvernants. Si on définit la politique comme le génie du moment. Quand on regarde la vie politique actuelle, c’est particulièrement vrai ; et celui qui ne le ferait pas se condamnerait hors du champ politique.
- C’est aussi la force du kairos rhétorique, très utile dans la vie démocratique, où la maîtrise de la parole tient une place de premier ordre.
- Dans la formation des chefs militaires (Clausewitz l’appellera « le coup d’œil ») et en fera une composante du génie guerrier.
- A un niveau éthique : Il s’agit de définir la vertu selon le kairos, c'est-à-dire les variations de l’excellence selon les sujets : la vertu de l’enfant et du vieillard, du malade et de l’homme de santé, du guerrier et de l’homme de paix.

· On n’est pas dans la logique du profiteur avec le kairos, mais plus vraisemblablement dans le comment vivre 108 ans, comment durer. Ce n’est certainement pas en vivant une vie impraticable, faite d’angoisse et de tremblements. Le kairos autorise une vie morale praticable, car elle n’est pas dans l’éternité, dans le long terme, l’être dans le temps identique.


En conclusion, au panthéon des philosophes-voyous vient donc s’ajouter la figure de Gorgias, qui nous donne l’arsenal philosophique pour vivre une vie à notre portée : il ajoute à l’utilitarisme, le relativisme et le pragmatisme de Protagoras des concepts de grande portée : la poésie des illusions, comme je l’ai nommée, qui permet de trancher le réel contradictoire, de le pacifier, sans prendre des vessies idéalistes pour des lanternes matérialistes ; ce cran d’arrêt dans le réel se fait par le travail sur le kairos, le contre-temps, l’occasion, qui donne accès à une vie heureuse, car déliée, libérée de toute contrainte chronologique.En espérant que ce petit moment de connaissance aura été un kairos pour chacun de vous.

samedi 24 novembre 2007

Annulation du Dîner de transition

EVENEMENT ANNULÉ - PRIÈRE DE NOUS EXCUSER

Afin de fêter la fin de semestre et d'établir une transition des plus harmonieuse entre les deux séries de séminaires, l'équipe de l'UP souhaite vous convier à un événement exceptionnel: le dîner de transition.

Ce dîner aura lieu le 29 f'évrier à l'issu du premier cours d'Olivier Saint-Vincent sur l'anti-manuel de littérature.

Nous convions, bien évidemment, tout le monde à cette célébration festive du savoir, de la construction de soi et de la déconstruction des idées reçues.

Si vous avez des suggestions, n'hésitez pas à nous les communiquer par post.

Votre avis sur l'Université Populaire

L'équipe de l'UP voudrait avoir votre avis sur l'UP.

Que ce soit sur les conférences, les cours en ligne, le site de l'UP, la minute de l'UP... N'hésitez pas à nous faire part de vos sensations, de vos impressions, de vos avis, que ce soit en bien ou moins bien: postez vos avis, commentez le savoir!

L'article sur la création de l'Université Populaire de Boston dans le France-Amérique du 24 mars 2007

« Naissance d’une Université Populaire aux États-unis », par Antoine Stéphane


Le vendredi 09 mars 2007, dans la salle d’honneur de « l’Ecole Internationale de Boston[1] », a eu lieu le lancement de « l’Université Populaire de Boston », avec le soutien de l’association francophone « Boston Accueil ». L’événement a réuni plus de 60 personnes. La première conférence, assurée par le fondateur Olivier Saint-Vincent, était consacrée à la « Philosophie comme art de vivre », et se proposait de situer la démarche d’Université Populaire (UP) dans une tradition antique d’Ecole philosophique, tout en expliquant comment, pour les anciens Grecs et Romains, la philosophie se donnait avant tout comme « un remède » aux passions de l’âme.

Le concept d’UP procède de France et du philosophe Michel Onfray, qui en 2002 décida de réactiver un mouvement de culture « populaire » : les Universités Populaires avaient connu leur heure de gloire à la fin du XIX ème siècle, lors de l’affaire Dreyfus où des intellectuels, historiens, poètes, philosophes, artistes en tout genre, s’étaient regroupés pour offrir des cours gratuits à la classe ouvrière. Dans cette lignée, Michel Onfray avança l’idée de séminaires gracieux, accessibles à tous, sans examen d’entrée, ni diplôme, dans le seul objectif de la construction de soi. Les séminaires fonctionnent tous selon la même structure : une conférence de cinquante minutes, suivie d’un débat avec les auditeurs.

L’Up Boston, dans cette optique, propose un séminaire par mois sur des sujets très variés : de la philosophie à la gastronomie, en passant par la physique ou les neurosciences, rien ne doit échapper à une connaissance « qui forme plus qu’elle n’informe », selon les propres termes d’Olivier Saint-Vincent.
Le prochain rendez-vous de l’Up Boston, le 06 avril 2007, à « l’Ecole Internationale de Boston » se fera en la compagnie exceptionnelle de Michel Onfray, venu spécialement de France pour soutenir le lancement de l’Up Boston. Ce dernier exposera alors les arcanes de « la gastrosophie », la sagesse par le ventre.
Il sera suivi le 11 mai 2007 par l’intervention de Virginie Lefèvre, professeur à Harvard, qui apportera un réponse à la question : « L’architecture peut-elle modifier nos existences ?».
Enfin, le mois de juin - le 08 juin 2007 - verra Gilles Coppin, chercheur au MIT, expliquer « Qu’est ce que prendre une décision ? ».

Pour de plus amples informations : http://www.upboston.blogspot.org/ ou contact@bostonup.org

« Le philosophe Michel Onfray à Boston »

Pendant plus d’une semaine, le célèbre philosophe hédoniste, Michel Onfray, sera sur le sol américain pour une série de conférences : Il débutera par Harvard, le 02 avril, puis le 03 et 04 avril poursuivra son périple au MIT, pour terminer par un séminaire d’Université Populaire à L’Ecole Internationale de Boston, le vendredi 06 avril. Cette venue prend place dans le cadre de ses récents engagements auprès de José Bové, candidat à l’élection présidentielle, et de la publication de son « Atheist Manifesto » chez Arcade Publishing. Michel Onfray sera alors confronté à la tâche stimulante de diffuser sa pensée du « plaisir athée » sur une terre où plus de quatre-vingts pour cent de la population est croyante.

[1] Cambridge, Massachsusetts

vendredi 23 novembre 2007

Mises à jour du séminaire sur le conflit Israélo-Palestinien II.

1. La viabilité d’un Etat palestinien.

Je me base, pour cette mise à jour, sur un article de Gearóid O’Tuathail : “Contradictions of the two-State solution”, paru dans The Arab World Geographer, Vol. 8, No. 3 (2005), pp. 168-171.

Gearóid O’Tuathail tente dans cet article de réagir aux différents avis du forum du Arab Worl Geographer. Au cours de la discussion, il montre les différentes contradictions inhérentes à la création de deux Etats, Palestinien et Israélien, dans les conditions présentes. Ainsi il questionne the « two-state solution » non comme utopie mais comme solution viable en tant que :

“A stable territorial order that will provide a basis for state building, economic development, and peace for Palestiniens and Israelis.”

Par ailleurs il nous met aussi en garde par rapport au danger de la « grammar of geopolitics » qui consiste à utiliser des abstractions telles que « Israël » et « Palestine » comme si l’on se référait à des entités homogènes.

O’Tuathail commence son article en discutant les vues de Rafael Reuveny sur les formes de colonisations. Pour O’tuathail, la question israélo-palestinienne est une question coloniale, mais avec des caractéristiques uniques. En effet, la formation de l’Etat israélien en 1948 était un projet colonial moderne, bien que nuancée par une vision religieuse ante-moderne. En revanche, l’Israël post 1967 était aussi un projet colonial mais différent en ce sens qu’il reposait plus su un projet sioniste messianique, se renforçant après 1977[1].

Le point commun de ces deux visions coloniales est leur aversion à céder des terres ou des espaces partagés. Par ailleurs, ces deux vision coloniales ont longtemps été alliés bien que différentes : entre l’une séculaire (fleurir les désert / « deserts bloom ») et l’autre religieuse et ante-moderne (sécuriser et renforcer le don de dieu au peuple juif). O’Tuathail, dans cette optique, voit le désengagement de la bande de Gaza comme une renégociation de cette alliance politique plutôt que comme une décolonisation de ce territoire.

Si O’Tuathail est en désaccord avec l’argument d’Ali Jarbawi selon lequel ce désengagement a pour but pour Israël de se recentrer sur une « pure race » plutôt que de consolider toutes les terres occupées. En revanche, O’Tuathail, partage son avis selon lequel Sharon cherchait par là à imposer les conditions israéliennes de l’établissement d’une entité Palestinienne. Cela nous amène à la première contradiction de la solution de deux Etats : si un Etat peut dicter les termes de l’établissement d’un autre, alors le processus devient simplement une codification du pouvoir asymétrique entre ces deux Etats et certainement pas une solution (comme définit plus haut).
La question clé reste, donc, bien évidemment, le type d’Etat palestinien qui va être autorisé à se déclarer souverain par Israël et la communauté Internationale. Cet Etat ne sera que partiel, formés des parties qu’Israël ne veut pas annexer et, de plus, grevée par la corruption de l’autorité palestinienne. Voici donc la seconde contradiction de la solution de deux Etats : le résultat sera de toute façon asymétrique car structuré par l’invivabilité de l’Autorité palestinienne.

La contribution d’Oren Yiftachel note que le sionisme, en tant que projet ethnocratique, ne constitue pas nécessairement une expansion territoriale. Or, comme le retrait ne signifie pas décolonisation[2], il en conclut que le sionisme ne peut, finalement, pas gérer sérieusement les enjeux centraux du conflit. Alors que le sionisme ne met pas en avant mécaniquement l’expansion territoriale, au contraire, nous ne pouvons que constater la bantoustanisation de Gaza et de la Cisjordanie avec la création d’autonomies palestiniennes enclavées et décorées par des symboles étatiques. A ce propos, est-ce « Gaza first ou Gaza last ? ».
Fouad Moughrabi répond à cette question en avançant que cette dynamique inclut un processus de décolonisation (i.e. le désengagement / retrait de Gaza) désigné, en fait, pour renforcer et légitimer le processus de colonisation de la Cisjordanie. Si tel est le cas, avec ce que nous connaissons déjà, il ne résulte que l’entropie régnante dans la bande de Gaza, plus les heurts entre factions palestiniennes, font que l’Egypte pourrait revenir gérer la bande de Gaza, tandis que la Jordanie ferait de même pour la Cisjordanie. Voici donc la troisième contradiction que pointe O’Tuathail : la possibilité réelle de la solution de deux Etats (« Two-State solution ») est morte au moment où elle est le plus étudiée. Ainsi, la contribution de Naseer Ahuri avance que la position de Georges W. Bush, acceptant les installations israéliennes en Cisjordanie a rendu la possibilité d’un Etat palestinien souverain un exercice rhétorique.

Etant donné l’impossibilité d’une solution avec deux Etats, la construction du mur de sécurité (le discours sur la sécurité est-il un alibi pour l’ethnocratie ?), le fait que Bush est assuré par ses « US Letter of Assurance » que tout accord final ne requérait pas un retrait aux frontières de 1967, la solution parait être un changement diplomatique pour une solution à un Etat unique.
Cependant, comme le remarque Newman, une telle haine attise les deux nations qu’une entité binationale ne peut-être crée. En outre, des groupes extrêmes, de part et d’autres cherchent le conflit perpétuel, car leur point de vue est uniquement darwinien : l’un gagne, l’autre perd.

La contribution de Sharif Elmusa offre la seule utopie « realistic » possible : que dans 50 ans, Israël, la Palestine et la Jordanie, tentent d’entrer dans l’UE est aient donc, suivant les critères de Copenhague, besoin de régler leurs conflits frontaliers, d’ouvrir leurs frontières, de revoir leurs livres d’histoires… Mais comme le remarque O’Tuathail, dans cette région :

“One can always dream, but with weapons of mass destruction loose in the world, and Iran finally acquiring a nuclear weapon, there is a dystopia for every utopia we can imagine in this region.”



Source: Gearóid O’Tuathail. “Contradictions of the two-State solution”, The Arab World Geographer, Vol. 8, No. 3 (2005), pp. 168-171.



2. Précédents plans de paix : le cas de l’initiative de Genève en 2003

L'Initiative de Genève, ou Accord de Genève, est un plan de paix alternatif établi par les anciens partenaires des négociations de Taba (2001) pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

Elle est signée le 1er décembre 2003 à Genève (Suisse). Les principaux artisans de cet accord sont l'ancien ministre israélien Yossi Beilin et l'ancien ministre palestinien Yasser Abd Rabbo.

Le secrétaire d'État américain Colin Powell a indiqué son intérêt pour cet accord alors qu’Ariel Sharon indiqua qu'il n'approuvait pas cet accord et qu'il l'estimait dangereux pour Israël. De même, l'Autorité palestinienne soutenait faiblement cet accord (Yasser Arafat en tête). Bien évidemment, le Hamas et les Brigades des martyrs d’’ Al-Aqsa estimèrent que cet accord constituait quelque chose d’inacceptable.

Les points essentiels de l’accord :

Objectif :
l'accord final engageait les deux parties à renoncer à toute nouvelle revendication. Il remplaçait toutes les précédentes résolutions de l'Organisation des Nations unies (ONU).
L'Etat palestinien : il était constitué aux côtés d'Israël, conformément aux frontières de 1967, avec certaines modifications.

Colonies :
selon des négociateurs, Israël restituait 100 % de la bande de Gaza et 97,5 % de la Cisjordanie : il annexait les 2,5 % restant pour regrouper les blocs de colonies à Gush Etzion (sud de la Cisjordanie) et dans le périmètre de Jérusalem. En revanche, les colonies d'Ariel (nord), Efrat et Har Homa (sud) faisaient partie de l'Etat palestinien. En échange des secteurs de la Cisjordanie qui restaient sous son contrôle, Israël transfèrait à l'Etat palestinien des zones du Néguev adjacentes à la bande de Gaza.

Jérusalem :
la ville était la capitale de l'Etat d'Israël et de l'Etat palestinien. La souveraineté y était partagée sur la base du principe proposé par le président américain William Clinton : est israélien tout ce qui est juif, est palestinien tout ce qui est arabe, musulman ou chrétien. L'Etat palestinien contrôlait donc la Vieille Ville, sauf le Quartier juif et le Mur des Lamentations. L'Esplanade des mosquées était sous souveraineté palestinienne avec un libre accès, supervisé par une force internationale, pour toutes les autres confessions - mais les juifs n’étaient pas autorisés à y prier. Les fouilles archéologiques n’était pas non plus autorisées sur le site.

Réfugiés :
sauf quelques dizaines de milliers autorisés à revenir en Israël, ils ne pouvaient pas exercer leur "droit au retour" - formule absente du texte de l'accord - que dans l'Etat de Palestine ou vivre dans d'autres Etats de la région.
Sécurité : les Palestiniens s'engageaient à démanteler les infrastructures terroristes et à combattre le terrorisme comme l'incitation à la violence. L'Etat palestinien était démilitarisé et les points de passage étaient supervisés par une force internationale.

Voir le texte de l’accord entier sur:
http://www.aidh.org/Actualite/Act_2003/Images/initiative-fr.pdf

[1] Voir à propos de la formation de l’Etat israélien le second cours la géopolitique de la Méditerranée (donné à l’Université Populaire de Boston le 11/9/2007)

[2] Voir à ce propos l’article du Monde sur la colonisation in Update du cours Israél-Palestine I.

lundi 19 novembre 2007

L'UP dans l'International Herald Tribune

A French university cultivates learning for learning's sake
By Brad Spurge on International Herald Tribune

Monday, October 15, 2007

Western higher education traces its origins to a couple of private homes with back gardens quite close to each other in ancient Athens. Both schools accepted students free of charge and women, but one was far more radical than the other: it admitted slaves. That was Epicurus's Garden, which taught an ascetic form of hedonism to impart personal happiness and fulfillment for its own sake.

The other, Plato's Academy, much like modern formal systems of education, aimed to help students improve their careers within society - primarily as politicians.The Academy, which taught Plato's idealistic philosophy, had the longer-lasting influence. Still, Epicurean schools spread across the ancient world and lasted for about 600 years - until Christianity began to take offense, classifying their teachings as hedonistic excess.
Lost from view under the weight of ecclesiastical disapprobation was that Epicureanism captured much of the materialist, atomist view of the world that science would later confirm.

When Michel Onfray, France's best-selling philosopher and best-known atheist, decided five years ago to end a 20-year formal teaching career to open his own private university, he chose to re-establish the Epicurean way of teaching.

Onfray, 48, who calls his philosophy an "ethical hedonism," named his school in Caen after the Université Populaire, or Popular University, created more than a century ago in reaction to the anti-Semitism of the Dreyfus affair. But the real model goes back to the "alternative" Greek philosopher."My ideal," Onfray said, "is a post-modern Garden of Epicurus.
"On Monday at an auditorium in a suburb of Caen, 200 kilometers, or 125 miles, northwest of Paris, Onfray and 11 of his professors inaugurated the sixth academic year of his Epicurean garden.

Founded as an act of intellectual reaction against the presence of Jean-Marie Le Pen, the extreme rightist politician, in the second round of the 2002 French presidential elections, the Popular University of Caen is open to all, free of charge, with no enrollment, no need for prior academic credentials, no course work, no required reading and no tests.
Nor, like Epicurus's Garden, does it award any diplomas or have any practical purpose other than as a design for living and as a means to enlighten society. The courses are taught by volunteer professors, whose costs - like travel expenses for those who live far from Caen - are paid for by sponsors. These include the France Culture radio station, Hachette Books, the local regional council and the auditoriums and theaters where the courses are taught, including the Musée des Beaux-Arts de Caen.

The school has become a major attraction in Caen, a city with a population of 114,000. As there is no registration, it is impossible to tell exactly how many different individuals attend, according to Dorothée Schwartz, who handles the university's administration. But the 14 seminars attract at least 1,500 people and over the course of a year the combined head count for attendance at the 122 classes reaches nearly 20,000, she said.

Like the Greek original, the idea is spreading. Emulators have set up six more Popular Universities, based on the Caen model, elsewhere in France, plus one in Belgium, one in Boston and one in Niamey, Niger.

Word of the school is spreading beyond the francophone world, as translation of Onfray's books into nearly 20 languages has brought him a wider audience. The first to be published in English came out this year in the United States as "Atheist Manifesto," and in Britain as "In Defense of Atheism."Onfray's lectures are the basis of a series of books that he is publishing in installments, under the title, "A Counter History of Philosophy." He teaches a nonidealistic tradition of philosophy that runs counter to the Platonic, Christian tradition and ranges from the Greeks Democratus, Diogenes and Epicurus up to the 18th- and 19th-century British philosophers William Godwin, a father of anarchism, and Jeremy Bentham, the advocate of utilitarianism.

This year he will cover Ralph Waldo Emerson and Henry David Thoreau in the first part of his course, and the Germans Arthur Schopenhauer and Max Stirner in the second.As in the Garden of Epicurus, the classes are not merely lectures by a teacher to a passive class, but a system of intellectual exchange and exploration between like-minded people, aged from 7 to more than 77.

Gilles Geneviève gives classes of philosophy to children aged 7 and up. The Popular University, he said, "is at once an opportunity to meet children to philosophize with me - or to philosophize without me, in fact, because I try to put into place what I call a 'libertarian Socratic dialogue.' I think that it is not really necessary to have an adult in order for kids to be able to philosophize. It suffices to provide them with a space to do it in." He said the aim is to turn them into people "who have a taste for going to conferences, reading books, following courses, and conversing." Onfray's courses too are made up of one part lecture and one part discussion. Befitting a philosophy of physical sensation, he said that the courses aim to address most of the senses: art, for example, for sight, and jazz for hearing.

Other courses cover medical ethics, literature, economics and psychoanalysis.To address one of the most important senses, Onfray endowed a garden, planted with exotic vegetables, last year at the Popular University of Taste in nearby Argentan. Here, great epicures and chefs, including Jean-François Piège of the Hotel Crillon in Paris, teach a student body hungry for more than knowledge.

http://www.iht.com/articles/2007/10/15/europe/riepop.php

La minute de l'UP

Aujourd'hui, le lundi 19 novembre 2007, la minute de l'UP a fait son apparition dans l'emission French toast sur WMBR, 88.1 FM.

Comme les séminaires de l'Université Populaire de Boston, la minute de l’Université Populaire se veut moments de savoir, moments pour la construction de soi et la déconstruction des idées reçues.

Au premier semestre, nous verrons les figures de la pensée, il s'agit des penseurs dans leur contexte, en philososphie comme en géopolitique. Au seconde semestre, nous nous attacherons aux contextes en situation.

Lien: http://wmbr.org/www/sched-mon#toast

jeudi 15 novembre 2007

Mises à jour du séminaire sur le conflit Israélo-Palestinien I.

1. La colonisation.

Selon un article du Monde du huit novembre 2006, les colonies israéliennes continuent de se développer en Cisjordanie. Cet article de base sur un rapport de l'organisation non gouvernementale israélienne La Paix maintenant, publié le mercredi 7 novembre, la construction bat son plein dans 131 implantations. Quatre-vingt-huit sont situées à l'ouest de "la barrière de sécurité" construite par Israël en terre palestinienne, principalement dans les grands blocs à la périphérie de Jérusalem et quarante-trois autres à l'est du "mur".

267 500 Israéliens vivent à présent dans les implantations construites dans les territoires palestiniens. En outre, cette augmentation s'effectue au rythme annuel de 5,8 % alors que la progression démographique n'est que de 1,8 % en Israël. Les conséquences sont donc que plus le temps passe, plus la Cisjordanie est grignotée par la colonisation, ce qui rend de plus en plus improbable la création d'un Etat palestinien viable de part la configuration de la carte en peau de léopard de la Cisjordanie.

Pour poursuivre : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-976003@51-891944,0.html


2. La diaspora Palestinienne

Depuis 1948, première guerre israélo-arabe, les Palestiniens ont connu plusieurs vagues d’exil et différentes terres d’accueil. Aux réfugiés de 1948, il faut ajouter les centaines de milliers de déplacés de 1967. L’ensemble de ces Palestiniens de l’exil forment la diaspora palestinienne. La population totale palestinienne dans le monde en 1998 s’élevait à 8 041 569 de personnes. Les Etats-Unis et les pays du Golfe demeurent les principaux lieux d’installation des expatriés palestiniens dans le monde (à l’exception de la Palestine, du Liban, de la Syrie et de la Jordanie).


http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/diaspora au 1er janvier 2006

Sources : Palestinian Central Bureau of Statistics ; Elia Zureik, Palestinian refugees and the peace process, Institute for Palestine Studies, Washington DC, 1996 ; Kathleen Christison, « The American experience : Palestinians in the United States », Journal of Palestine Studies, Washington DC 1992 ; Sari Hanafi, Les hommes d’affaires palestiniens de la diaspora et la construction de l’entité palestinienne, Cedej, Le Caire, 1997 ; Yassin Abdul-Qader, The Palestinians in Egypt, Shami Center, Ramallah 1996.


Carte: http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/refugiesdiasporapaldpl2000


Sur les 3,6 millions de réfugiés palestiniens que compte le Proche-Orient en juin 1999, un tiers vivent dans les camps, et plus de la moitié hors de Palestine, dont une majorité en Jordanie, premier pays d’accueil. Pour tous se pose, depuis la première vague d’exil en 1948-49, la question du droit au retour.
Sources : Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).


Carte: http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/refugiespalestiniensdpl2000


3. L’aide américaine à Israël


L'appui des Etats-Unis à Israël est public et de l’ordre de trois milliards de dollars par an, comme l’Egypte (ces transferts datent des accords de Camp David en 1979).
Ils devraient être retranscrits sans ambiguïté dans les documents qui rendent compte des transferts d'armement au niveau mondial (i.e. des séries statistiques, voir à ce sujet Clyde R. Mark, "Israël : U.S. Foreign Assistance", CRS Issue Brief for Congress document N°IB85066, 18 pages, 12 juillet 2004).


Or, l'examen de l'ensemble des données disponibles aboutit à un certain flou. Si l'aide publique américaine peut être située, bon an mal an, à environ trois milliards de dollars, de plus en plus tournée vers l'aide militaire, en revanche l'utilisation de ces crédits et la nature des transferts d'armement restent nimbés d'incertitudes qui dissimulent les affectations.
Aide publique des USA à Israël en millions de dollars

total
(dont aide militaire)
1997
3 132
(1 800)
1998
3 080
(1 800)
1999
3 010
(1 860)
2000
4 129
(3 120)
2001
2 876
(1 976)
2002
2 848
(2 040)
2003 estimé
3 741
(3 086)
2004 estimé
2 687
(2 147)

Source : Hébert, JP. « Israël, les Etats-Unis et les armes : une obscure transparence », in Le Débat Stratégique Nº76 - Septembre 2004


4. Bibliographie

Baron X. Les Palestiniens, genèse d'une nation, éd. du Seuil, 2003
Chaliand G. Voyages dans 40 ans de guérillas, éd. Lignes de repères, 2006
Encel F. Géopolitique de Jérusalem, Flammarion, 1998
Encel F. Le Moyen-Orient entre guerre et paix. Une Géopolitique du Golan, Flammarion, 1999
Encel F. Thual F. Géopolitique d’Israël, Seuil, 2004
Encel F. Géopolitique du sionisme, Stratégies d'Israël, Armand Colin, 2006.
Laurens H. La Question de Palestine I, l'invention de la Terre sainte 1799-1922 et La Question de Palestine II, Une mission sacrée de civilisation 1922-1947, Fayard, 1999-2002

Corm G. Le Proche-Orient éclaté, Gallimard, 1999

dimanche 11 novembre 2007

Histoire de la philosophie dangereuse, animé par Olivier Saint-Vincent

Cette semaine, vendredi 16 novembre à 19h30, Olivier Saint-Vincent animera son troisième séminaire sur "L'histoire de la philosophie dangereuse".











Le sujet du cours est: “Gorgias ou la rhétorique du fantôme”


Né en Sicile, au Vème siècle avant notre ère, Gorgias affirme que rien n'existe.
Je vous invite donc à réfléchir à cette assertion en vue de préparer notre rencontre.


Olivier St-Vincent
Responsable de l’Université Populaire de Boston
http://upboston.blogspot.com/
bostonup@hotmail.com
001-339-227-7554

"Les figures du philosophe-voyou, pour une histoire de la philosophie dangereuse", Cours II: Protagoras, le philosophe au javelot









Introduction :

• Rappel : qui étaient les sophistes ? Des intellectuels qui vendaient leur savoir en échange d’un salaire. Des sortes de professeurs. Mais aussi des philosophes qui ont eu une pensée tout à fait valable, a laquelle on a refuse pendant des siècles le titre même de pensée.


• Rappel : leur disparition de la carte de la philosophie s’explique par le contenu de cette philosophie qui vient bouleverser, perturber et même révolutionner le monde de la pensée grecque au Vème siècle avant JC. Sorte de danger de leur époque – qui l’est pour la nôtre aussi.


• Rappel : Pensée de l’opposition qui s’installe nez a nez avec celle de Platon, qui a d’ailleurs gagné la première manche : victoire de l’idéalisme sur le matérialisme. Ce combat a toujours lieu, il suffit d’ouvrir les yeux.


• Rappel : Aujourd’hui, on travaille sur un champ de ruine, des fragments, quelques lignes, voire des pages, enfouies sous une masse de préjugés pérennes : l’expression/insulte « espèce de sophiste » le prouve encore.



• Découvrir Protagoras, qui, dans l’histoire de la philosophie occidentale, est l’objet d’une belle injustice : relégué au rang de philosophe « présocratique », c.f. ce que dit M.Onfray sur cette question. Il meurt en 411, Socrate en 399…av J-C.


• Autrement, c’est un professeur de rhétorique. Point final.


• Les professeurs de philosophie évoquent son nom, lorsqu’il parle du dialogue de Platon éponyme. Et c’est souvent, pour ne pas dire toujours, pour montrer la supériorité de la pensée platonicienne, sa maturité, le point d’aboutissement qu’il constituerait dans l’histoire des idées, quand celle de Protagoras ne serait qu’un reflet de son temps, effacé par le temps.




• Or, si l’on prend la peine de s’intéresser aux quelques fragments, lignes et pages qu’il nous reste du philosophe, on découvre toute la puissance, la force pénétrante, l’éclair subversif que constitue la pensée de Protagoras. Après lui, on ne peut plus voir le monde et la vie de la même manière, signe et signature d’une grande Santé intellectuelle, d’une vraie philosophie. Il y a même une sorte de césure, de coupure, de tranchant entre Protagoras et ses prédécesseurs. D’où l’image, sur laquelle nous reviendrons, de philosophe au javelot. Qui permet de continuer à remettre en cause les lieux communs de l’idéologie et de déranger.

I) Portrait de Protagoras

• Protagoras nait à Abdère, en 492-494, suivant les dernières recherches. Il nait donc un peu avant les guerres Médiques, ces célèbres guerres qui opposèrent les Grecs aux Perses, et menèrent les premiers à renforcer leur sentiments d’identité (490-480). Il n’est pas athénien, ce qui a son importance, mais un métèque, ce qui justifie la « jalousie » platonicienne (c’est ma thèse : un mélange de haine et d’admiration) et qui permet d’expliquer une pensée de la différence, comme nous allons le voir.


• En effet, au début du dialogue, le Protagoras, Platon nous montre un Socrate jaloux : c’est au début du dialogue, Socrate est réveillé en pleine nuit par Hippocrate qui tout excité lui apprend la venue de Protagoras. Suit alors une petite démonstration socratique sur l’inconvénient d’être l’élève d’un sophiste.


• On a aussi une description qui frise l’ironie lorsque Socrate arrive chez Callias, l’hôte de Protagoras et d’une ribambelle de sophistes, dont Prodicos de Céos : Protagoras se fait suivre de disciple, dont les deux fils de Périclès, Xanthippe et Paralos, et par toute une autre clique de jeunes gens, entraînés derrière lui « comme un nouvel Orphée », selon Platon.


• Mais à ce moment là, il est assez âgé, sorte de star, dont on n’a pas vraiment d’exemple actuel. Mais une star payante : on a bien aujourd’hui des possibilités de passer une journée avec une star si l’on veut bien y mettre l’argent




4 anecdotes comme apéritif à la philosophie de Protagoras : qui décline chacune un élément de sa philosophie dans laquelle nous rentrerons en détails peu après : l’utilitarisme, le perspectivisme, le relativisme et l’agnosticisme.




A) Le docker et l’utilitarisme


• L’intérêt philosophique de l’anecdote : permet de fixer une pensée facilement dans l’esprit de manière simple et condensée, dans une forme exprimant le fond.


• Un des premiers éléments biographiques dont nous disposions au sujet de Protagoras nous est fourni par Diogène Laërce, ce compilateur de vies et de doctrines de philosophes début du IIIème siècle après notre ère, qui nous dit que Protagoras était un docker.


• C’est son premier métier, nous dit-il. L’anecdote raconte que Démocrite, le philosophe matérialiste et hédoniste, se promenant sur les quais du côté d’Abdère aurait remarqué Protagoras, non pas à cause de sa beauté, ni de ses simulacres, mais pour son habileté à porter des fagots de bois. De là Démocrite l’aurait pris sous son aile… en fait ce n’est pas vrai, c’est Protagoras qui est l’ainé de Démocrite, et si influence il y a eu c’est du premier sur le second. Encore une manière de dire l’infériorité des sophistes sur les philosophes.


• Signification du Protagoras docker : les érudits se sont livrés à des élucubrations sur la nature de l’invention de Protagoras : la Tulè, désigne une sorte de matelas, une natte rembourrée ou un coussin à bourrelet… Jeannine Bertier va même jusqu’à dire qu’il s’agit d’une manière d’emboîter les branches entre elles et en déduit, que l’invention est plus mathématique qu’artisanale. C’est faire peu de cas de l’attitude de Protagoras envers les mathématiques.


• Pour nous : ce qui importe, que ce soit vrai ou non, c’est l’ingéniosité, l’habileté, le savoir-faire, l’artifice qui est derrière. Symbole de vertus de du sophiste : la ruse mise au service de l’utile. Les fagots de Protagoras fonctionnent comme les mots que le sophiste « fagote » pour persuader.


• Valeur qui se dessine : l’utile. Pour l’individu ou la Polis, la cité. Introduction d’une morale mais aussi d’une politique utilitariste. On est loin avant Bentham et Stuart Mill et la fondation de l’utilitarisme anglo-saxon. Au XVIIIème siècle.




B) Le javelot et le perspectivisme


• Autre élément biographique : on sait que Protagoras s’est entretenu toute une journée avec Périclès, le grand stratège athénien, au sujet d’un accident qui s’était produit dans un pentathlon : Epitime de Pharsale évoqué par Plutarque, historien et philosophe du IIème siècle après notre ère, a été frappé par un javelot mortellement. Protagoras et Périclès consacre alors leur journée à se demander si c’était, selon l’argumentation la plus correcte, le javelot, celui qui l’avait lancé, ou les organisateurs du jeu qui étaient coupables.


• L’idée n’était pas de procéder à une hiérarchie des responsabilités – dans l’antiquité, pour le droit archaïque, un objet peut-être déclaré coupable. Et de condamner tout le monde à des degrés différents.


• Il s’agit de démontrer l’impossibilité dans laquelle on se trouve de la fixer, sinon de manière arbitraire.


• Trois causes peuvent être invoqués, et tout aussi légitimement selon le point de vue adopté : pour le médecin, c’est le javelot qui a causé la mort ; pour le juge c’est celui qui l’a lancé ; pour l’autorité politique, c’est l’organisateur des Jeux.


• La leçon de cette anecdote est celle d’un perspectivisme, le mot est de Nietzsche, qui tend à montrer qu’il n’y a pas de juste en soi, permettant de trancher dans des cas juridiques concrets.


• Ce perspectivisme ou relativisme, on va le rencontrer à nouveau, quand nous nous pencherons sur les arcanes de la pensée de Protagoras : « l’homme est la mesure de toute chose », « Sur toute chose, il y a deux discours opposés », « il n’est pas possible de se contredire »…



C) Le procès et le relativisme


• Aulu-Gelle, dans ses Nuits-Attiques, rapporte qu’un jour qu’il demandait ses honoraires à son élève Euathle, celui-là lui répond : « Mais je n’ai pas encore remporté de victoire ! » Et Protagoras de répondre : si je l’emporte contre toi, c’est moi qui aurait remporté la victoire, et il faudra alors que je sois payé ; si, par contre, c’est toi qui gagne, alors c’est toi qui aura remporté une victoire, et il faudra bien que j’en sois payé.


• Ce devait être se genre d’histoire légendaire que l’on se racontait sur Protagoras : pour tout une partie de l’intelligentsia de l’époque, aristocratique, c’est la preuve que Protagoras est cupide, que sa philosophie est déterminée par son auditoire et non par la Vérité, qu’il est le premier à s’être fait payé.


• Pour nous, c’est la démonstration que le discours le plus faible, peut devenir le discours le plus fort, l’une des grandes leçons de Protagoras. La vérité est relatif, et que ce « relatif » l’est avant tout vis-à-vis du langage et de son usage.


• Il ne faut pas oublier que Protagoras a commis un ouvrage intitulé de L’art de la lutte, qui donnait probablement des techniques de lutte, pour partir de la position la plus désavantageuse et se retrouver finalement, dans une position supérieure.


• Autre anecdote qui va dans le même sens : Protagoras répondit à un poète qui l’injuriait parce qu’il n’approuvait pas ses vers : « Mon cher, j’aime mieux t’entendre m’injurier que d’entendre tes poèmes ». On est bien dans un horizon agonistique, de la lutte, de la mise au sol, avec des mots.


D) L’autodafé et l’agnosticisme


• Protagoras fait la lecture à Athènes de son livre Les Antilogies qui commençait la section Sur les dieux par l’aphorisme suivant : « Des dieux, je ne puis savoir ni qu’ils existent, ni qu’ils n’existent pas : car beaucoup d’obstacles empêchent de le savoir, l’obscurité de la question et la brièveté de la vie de l’homme ».


• Il est alors accusé par un dénommé Pythodore, un des Quatre-Cents, c'est-à-dire un partisan de l’oligarchie. Et est invité à quitter Athènes.


• On brûle alors ses livres sur l’agora, la place publique.


• Cette anecdote montre bien l’aspect subversif de la pensée de Protagoras puisqu’ils sont allés jusqu’à lui brûler ses livres. Pas beaucoup d’exemples de philosophes à qui cela est arrivé : bien que cette pratique devait être un peu plus courante dans l’Antiquité qu’aujourd’hui. On a bien Démocrite, encore un Abdéritain, dont Platon projetait de brûler les livres, mais ce dernier fut découragé par l’ampleur de la tâche… Ce ne fut pas le cas pour Protagoras.


• Exil : pour lui, ce n’est pas un problème, c’est un sophiste, par nature itinérant, nomade de la pensée qui circule de cité en cité pour donner ses cours et instruire les jeunes gens riches, ambitieux de devenir de citoyens puissants.



Après avoir « gouté » et entrevu le corps protagoréen, un corps qui triomphe et survit, nous allons aborder la pensée du philosophe, animée de deux temps : un temps de destruction, un temps de re-construction.



II) Tableau de la philosophe protagoréenne.

Si Protagoras est un esprit révolutionnaire, c’est qu’avant tout, il est venu mettre un terme à une manière de voir le monde pour proposer une voie alternative : la comédie d’Aristophane intitulée les Nuées montre bien comment le discours protagoréen s’oppose à une pensée en place, commune et dominante : l’innovation guette la tradition musicale, l’argumentation rationnelle, la poésie ; l’agnosticisme et le cynisme, la mythologie ; le nihilisme moral, les valeurs traditionnelles – tout cela au moyen de la rhétorique, de Peito, la persusasion.

A) La destruction ou le réalisme des Antilogies

Diogène Laërce affirme au sujet de Protagoras qu’il a dit le premier que sur toute chose, il y a deux discours contradictoires. Le thème du discours double était le thème principal des Antilogies, l’un des ouvrages les plus connus de Protagoras. Par là, ce dernier exprime de manière inédite un sentiment profondément enraciné dans la culture grecque :


• Il y a la nature de la religion grecque, qui est un polythéisme, dont le principe est celui de l’éparpillement du divin, d’une pluralité de dieux qui souvent s’affrontent et contrebalancent leurs pouvoirs. L’esprit qui pense le monde comme pluriel et polycentrique (Poséidon contre Athéna, par exemple) dira volontiers la brisure, le clivage.


• Ainsi du temps : pas de fragmentation uniforme, pas d’horloge mécanique, le temps est au contraire celui de l’occasion favorable, du kairos qui paraît et disparaît arythmiquement, donnée tantôt à l’un, tantôt à l’autre, mais jamais bonne pour tous.


• Ce déhanchement du temps s’aggrave d’une dissémination des lieux : le monde politique grec est formé de plein de cités-Etats, atomes de pouvoir qui se heurtent et s’entrechoquent.


• Le concept d’antilogie est à mettre en rapport avec le climat des tragédies d’Eschyle, le premier des trois grands tragiques grecs : l’action tragique se développe à l’intérieur d’une situation où le héros se trouve pris ente deux feux : son devoir relève d’actions prescrites et défendues. Oreste, dans la pièce éponyme doit accomplir et ne pas accomplir le matricide pour satisfaire le vouloir divin. « Arès s’en prend à Arès, Dikè à Dikè ».


• La pratique de la démocratie grecque. La décision politique est toujours discutée devant le peuple, elle est donc toujours discutable, modifiable.


• Origine polémique du discours double : bellum= duellum qui se retrouve dans l’institution judiciaire grecque, où tout procès prend figure de combat. En grec agôn désigne aussi bien le procès que la bataille, la lutte.


• Poids de la pensée du philosophe Héraclite, comme Protagoras, un ionien : vision d’un réel contradictoire et affirmation de l’existence des contraires. « Le combat est le père de toute chose, de toutes, le roi » dit Hércalite. Protagoras, lui, renonce à rendre l’immédiateté de la contradiction et le coupe deux, en antilogie, en deux discours, chacun en soi-même cohérent.


• D’où réhabilitation de la doxa, de l’opinion, dont les démentis constituent la loi même de la vie, et les aspects d’une réalité changeante.


Le plan des antilogies, d’après le Théétète de Platon devait être le suivant :

1) L’invisible

• Rappel de l’exorde : « Des dieux, je ne puis savoir ni qu’ils existent, ni qu’ils n’existent pas : car beaucoup d’obstacles empêchent de le savoir, l’obscurité de la question et la brièveté de la vie de l’homme ». Cet agnosticisme est une sorte de point neutre entre les deux discours opposés qui se font face au sujet des dieux, celui de la croyance et celui de l’incroyance.


• Ce point neutre s’explique par le fait qu’on parle ici du domaine de l’invisible et du caché. Protagoras faute de pouvoir opérer une phénoménologie du divin réserve sa réponse.


• Ce moment permet le mouvement suivant dans la pensée de Protagoras, l’affirmation de l’homme-mesure. Si les dieux ne se laissent pas affirmer, alors, il y a l’homme. Naissance de l’humanisme.


• Platon répliquera dans les Lois : Le dieu est la mesure de toutes choses.

2) Le visible


a) Perdus sont les travaux de cosmologie, on n’a que de vague allusions (Eustathios)


b) L’ontologie de Protagoras s’en prend aux Eléates et à Parménide, selon laquelle l’Etre est un et pour qui les sens ne peuvent être crus. Cette réfutation de Parménide est la condition de la vision antilogique du monde : L’Etre est obligé de tolérer l’existence de l’opinion…


c) La politique et le droit = champ privilégié de la vision antilogique (je dirais réaliste) du monde. Dans le domaine de l’anthropologie, l’ambigüité règne. Confère l’histoire d’Epitime de Pharsale.


d) Enfin les mathématiques : Protagoras là aussi tente démontre que, comme tous les arts, les mathématiques sont sujettes aux antilogies et se contredisent. Il prend l’exemple de la tangente à un cercle qui est supposée toucher le cercle en un point. Lorsqu’on trace la droite et le cercle sensible, on s’aperçoit que la tangente touche le cercle en plusieurs points et que la définition contredit le réel.


D’où la question de la vérité. Comment savoir ?


B) La construction d’une pensée « positiviste »

Les deux autres moments de la pensée protagoréenne appartiennent à l’autre grand ouvrage de Protagoras, la Vérité. Ce sont des moments constructifs.

1) L’homme-mesure

• Pour construire à partir de la vision réaliste du monde, il faut une mesure qui va permettre de décider d’un sens, quand même.


• D’où la formule célèbre : « L’homme est la mesure de toutes choses, des choses qui sont, qu’elles sont, des choses qui ne sont pas, qu’elles ne sont pas » .


• Les termes : en grec, « choses » = non pas « pragmata », mais « Xremata » qui désigne une chose dont on se sert, une chose utile. Le terme de « mètron », on le traduit par « mesure » ou par « critère ». Pour le mot « homme » (« anthropos »), les Anciens entendait l’homme singulier, l’individu, le sujet ; mais on peut élargir à l’universel, l’humanité dont essence appartient à tout homme.


• L’interprétation : la formule est assez énigmatique, courte, destinée à être mémorisée, elle doit frapper.


• Mais il y a une difficulté de la formule : fixer le sens, c’est tomber dans un piège, Platon et Aristote ont bien-sûr fait valoir l’argument, puisque la phrase, pas plus que le reste ne saurait échapper à l’universelle mobilité. Donc, si toutes choses trouvent leur mesure en l’homme (subjectivité individuelle), elles perdent alors toute possibilité de mesure. Une référence sans référence.


• A quelle condition l’homme devient-il la mesure, si ce n’est ni par la subjectivité, ni par nature ? Ce sera par convention/ artifice, souvenez-vous de l’histoire de la Tulè. Artifice et la convention deviennent une métrétique cohérente et arbitraire.


• Donc, rien n’est par nature tout est par convention, comme le dit le célèbre mythe de Prométhée.


• Stabilité de la nature n’est nulle part, mais on trouve une stabilité artificielle. D’où, l’ordre qui définit la nature, c’est celui de l’art humain, la loi et l’éducation (pour le philosophe-voyou, étrange retour de la loi…pour des questions)


• Exemple de l’eau : l’eau n’est plus de l’élément où l’on se noie depuis qu’il y a la convention « natation ». Autrement dit, ce qui fonde une valeur n’est pas sa vérité, mais le fait qu’elle est voulue. Ce qui fonde le droit n’est pas la nature, mais le fait qu’une société l’accepte (d’où la loi de la Famille n’empêche pas d’enfreindre la loi de la société)


• Inévitable diversité des établissements humains, Hérodote en est plein.


• Une société est cimentée par l’acceptation des valeurs transmises, par l’éducation ; et là petit tour de passe-passe : les vérités, comme l’éducation viennent du sophiste…


• La convention n’est pas menacée par la contradiction car elle réclame, non pas l’universalité, mais la communauté.

2) Le discours fort

(Le deuxième temps de la Vérité, c’était le discours fort.)


• D’où comment faire pour créer le consensus ? Il faut donc que son discours, dans la mesure où il est faible, autrement dit qu’il est impartagé – à peine peut-on lui donner le titre de discours, puisque le discours appelle la communication, la communication, le partage…


• Lorsqu’un discours personnel rencontre l’adhésion d’autres discours personnels, ce discours se renforçant de tous les autres devient un discours fort et constitue la vérité.


• Pour sauver Protagoras, cette théorie a été mise en rapport direct avec la pratique politique athénienne de la démocratie, C’est Gilbert Romeyer qui affirme cela : il se fonde sur une analyse des textes de Platon (la République, notamment) et du vocabulaire. L’idée est de prouver que le discours fort chez Protagoras, c’est le bon discours du gentil démocrate, qui est capable selon ses propres termes de « rallier les consentements et de construire une république des esprits… » .


• Pour répondre en deux mots : d’abord, il s’appuie sur Platon. Et ignore le réalisme qui caractérise Protagoras : le discours fort est susceptible d’être utilisé par tous, y compris ceux qui roulent pour leur propre intérêt, et qui ne sont pas, non plus, contre la démocratie. Cela n’exclut pas le machiavélisme.


• En fait le « discours fort » de Protagoras nous fournit la clé de l’ontologie protagoréenne. L’être devient l’objet de l’accord des hommes entre eux. L’apparence est fondée en convention et le sophiste y travaille (peut-être d’ailleurs est-il un rempart contre la tyrannie, dans la mesure où son statut est lié à l’exercice de la démocratie, il n’a pas intérêt à mijoter de jeunes tyrans…) : c’est la convention qui détermine le bien et le mal.


• On a à faire à un relativisme opératoire : la science et la morale ne sont pas fondés en nature, mais par l’opération des hommes, par leur artifice, leur accord, leur convention.


• A nous de faire la distinction, le seul critère est l’accord entre les hommes.


• Le relativisme fonde des valeurs qui ne reposent que sur la convention et l’accord arbitraire. En somme tout dépend de la communauté, de la société où vous vous trouvez. Les lois ne cessent d’être valables que lorsqu’elles cessent de faire l’objet d’un accord entre les hommes. L’exemple de la peine de mort est édifiant à ce sujet là…



Prenons un petit peu de recul sur notre tableau du philosophe au javelot qui transperce les vielles croyances pour les terrasser et en apporter de nouvelles.


• La vérité des choses donc se trouvent en l’homme plutôt que dans les choses elles-mêmes. On a là la découverte de la subjectivité. Ce n’est pas rien. La naissance du sujet moderne. Le principe fondamental de la philosophie de Protagoras est donc l’affirmation que l’être de l’objet est phénoménalité, et que tout phénomène est déterminé par la conscience qui le perçoit et le pense.


• Et la valeur de l’apparaître se fait en fonction du degré d’utilité : de même que le médecin par ses remèdes remplace les symptômes de la maladie par ceux de la santé, de même le sophiste sait remplacer un apparaître sans valeur et sans utilité, par un autre meilleur, avec valeur et utilité, c'est-à-dire qui rend service et que l’on peut utiliser. Cette utilité définit alors le degré plus ou moins grand de vérité.


• On retrouve alors un thème de la pensée de Nietzsche : l’œuvre de l’homme supérieur est de créer la Valeur. Il parle de pragmatisme vital. L’homme vit dans un monde de valeur, et l’homme supérieur est donc l’auteur du monde tel qu’il le vit. Il aurait pu écrire, paraphrasant Protagoras, « le surhomme est la mesure de toute chose ». Le « vrai » devient alors ce qui sert les intérêts et les besoins de l’homme, ce qui est requis par sa nécessité vitale.

Conclusion : je vous invite donc à être les mesures, les mètres de la vérité au sein de votre communauté, en imposant par le discours fort, votre vitalisme.

Introduction à la géopolitique de la Méditerranée


Introduction

Rappel de la définition de la géopolitique.
Rappel des méthodes de l’analyse géopolitique: comparaisons, dialectiques des échelles (diatopes), dialectique des temporalités, représentations des acteurs.
Rappel de la théorie du cloisonnement de l’espace : relation, dialectique entre circulation et iconographie.

Définition de l’ensemble Méditerranéen ? pb ordre méthodologique : Etendue marine + l’ensemble des Etats baignés par la mer Méditerranée ? Une partie de ces Etats : La France, le Portugal, le Maroc, la Turquie ? Doit-on inclure la partie asiatique de la Turquie, la Mer Noire ?
Carte physique : un ensemble naturel géologique, dont les limites sont elles indiscutables è la mer au milieu des terres : ce nom éminemment géographique lui a été attribué au XVIe siècle par les géographes européens (= invention scientifique de la Méd. Du fait des grandes découvertes car auparavant on disait la Mer tout court) après que les grandes découvertes des navigateurs leur aient fait prendre conscience de la singularité de cette étendue marine située entre trois continents. Bordée d’un liseré de plaines bordées de montagnes CARTES PHYSIQUE
Carte climatique : limite climat Méditerranéen + climat Méditerranéen semi aride. CARTE CLIMAT + OLIVIER
Carte de l’Olivier : trop restreinte (environ de Lyon en France) ==> donc prendre environ 1000 km NS et Mer Noire, soit 5000 km EW

Cartes historiques de l’empire romain de Constantin, mare nostrum, importance des héritages historique et des échanges sur plus de 2000 ans jusque l’importance des relations coloniales et post-coloniales : CARTE EMPIRES ROMAINS + CHRISTIANNISME + MONDE MUSULMAN + FRANCOPHONIE.

Donc: configurations historiques et physiques : un littoral peuplé qui porte la trace des héritages des civilisations de la Méditerranée antique ==> certaine unité du milieu et dans une mesure historique, des traits communs "La Méditerranée n'est pas une frontière, mais un lieu d'échange". Braudel (1949), mais en réalité, l'histoire géopolitique de la Méditerranée est discontinue, oscillant entre des périodes de mare nostrum, bénéfiques au niveau de vie des populations par les enrichissements réciproques permis par les échanges, et d'autre part plutôt mare clausum, lors de temps obscurs peu propices à l'amélioration des conditions de vie et ayant même des effets récessifs. Ainsi, cette mer entre les terres, selon son étymologie, a rempli des fonctions de porte ou de barrière entre ses peuples riverains.

Donc L’ensemble Méditerranéen de part déf. géologique et historique = ensemble des pays riverains + 1000 km N / S et 500 km E / W donc Méd + mer Noire et les pays riverains

A-t- elle donc une unité géopolitique ? Lignes de forces géopolitiques peuvent-elles être réunies en une problématique / une grille de lecture géopolitique qui peut s’appliquer à la Méd. ?

(i) Unité : un ensemble géopolitique Méditerranéen ? (ii) Diversité : des situations singulières ;
(iii) Typologie : différents types de conflits dans l’ensemble géopolitique Méditerranéen

1. Unité : un ensemble géopolitique Méditerranéen ?

a. Un déplacement des zones de conflits dans le monde


b. Comparer les Méditerranées


2. Diversité : des situations singulières

a. liste des conflits


b. Israël – Palestine


3. Typologie : différents types de conflits dans l’ensemble géopolitique Méditerranéen.

a. De la crise au conflit ==> vocabulaire


b. Des conflits symétriques et dissymétriques


c. Conflits de basse intensité :


Conclusion : Apaiser les tensions :

De nombreux conflits dans cette zone Méditerranée, en relation avec le grand nombre d’Etats qui se font face séparés par une étendue marine de taille moyenne. Ces relations entre Etats sont potentiellement nombreuses et conflictuelles car traversées par des lignes de forces qui sont des interfaces, des zones de contacts entre grands ensembles : pays colonisateurs / pays colonisés - monde musulman / monde chrétien - Europe / monde Arabe – Nord / Sud – OTAN - non OTAN - ex. Pays traversés par le rideau de fer è unité géopolitique et potentialité potentiel conflictuelle

Cependant ces conflits sont diverses ==> Typologies de conflits différents : Conflits symétriques, dissymétriques et de basse intensité. Les conflits symétriques ont dégénéré en conflits dissymétriques qui sont les plus nombreux


Régler les conflits majeurs : Israël-Palestine et Irak

Menaces aux frontières européennes, le statut du Kosovo ==> facteur de déstabilisation

Traiter les causes de l’Islamisme : développement, post-colonialisme, démocratie… è Relancer le partenariat euro-méditerranéen è objet d’autre séminaire

dimanche 4 novembre 2007

Calendrier général de l'année

Septembre 2007

Vend. 28 Septembre: Inauguration en présence des professeurs.
Invitation: Hervé Dalmais

Octobre 2007

Vend. 5 Octobre: Histoire dangereuse de la philosophie 1 : Eloge des sophistes
Vend. 12 Octobre: Géopolitique de la Méditerranée 1: Histoires et méthodes de la géopolitique

Novembre 2007

Vend. 2 Novembre: Histoire dangereuse de la philosophie 2 : Protagoras, le philosophe au Javelot
Vend. 9 Novembre: Géopolitique de la Méditerranée 2 : Existe-t-il un ensemble géopolitique méditerranéen?
Vend. 16 Novembre: Histoire dangereuse de la philosophie 3
Vend. 30 Novembre: Géopolitique de la Méditerranée 3 : Retour sur la guerre civile en Algérie

Décembre 2007

Vend. 7 Décembre: Histoire dangereuse de la philosophie 4
Vend. 14 Décembre: Géopolitique de la Méditerranée 4: intervenantion de Pascal Lepesqueux sur la Géopolitique de la francophonie

Janvier 2008

Vend. 11 Janvier: Histoire dangereuse de la philosophie 5
Samedi 12 janvier à la Librairie Schoenhoff's: la pensée grecque au Ve siècle avant Jésus-Christ
Jeudi 17 Janvier : Géopolitique de la Méditerranée 5 : Le projet géopolitique d'Al-Quaida
Vend. 25 Janvier : Histoire dangereuse de la philosophie 6

Février 2008

Vend. 1er Février: Géopolitique de la méditérranée 6 : Géopolitique de Cosa Nostra
Vend. 8 Février: Histoire dangereuse de la philosophie 7
Samedi 9 février à la Librairie Schoenhoff's: le terrorisme
Vend. 15 Février: Géopolitique de la Méditerranée 7 : Pascal Lepesqueux sur la Géopolitique du français en Lousisane
Jeudi 28 Février: Antimanuel de littérature française 1

Mars 2008

Vend. 7 Mars : Biologie 1
Vend. 14 Mars : Antimanuel de littérature française 2
Samedi 15 mars: Librairie Schoenhoff's: L'environnement
Vend. 21 Mars : Biologie 2
Vend. 28 Mars : Antimanuel de littérature française 3

Avril 2008

Vend. 4 Avril : Biologie 3
Vend. 11 Avril : Antimanuel de littérature française 4
Samedi 12 avril à la librairie Schoenoff's
Jeudi 17 Avril: Biologie 4

Mai 2008

Vend. 2 Mai : Biologie 5
Vend. 9 Mai : Antimanuel de littérature française 5
Vend. 16 Mai : Biologie 6
Vend. 30 Mai : Antimanuel de littérature française 6

Juin 2008

Vend. 6 juin : Biologie 7, intervenant: Véronique Valdettaro
Jeudi 12 juin: Brian Thomson
Vend. 13 juin : Antimanuel de littérature française 7 + clôture de l'année

“Géopolitique de la Méditerranée”

Cette semaine, vendredi 9 novembre à 19h30, second séminaire sur la “ Géopolitique de la Méditerranée ”.


Le sujet du cours est: “Existe-t-il un ensemble géopolitique méditerranéen?


Lieu ancestral d’antagonismes mais aussi de coopération et de négoce, le bassin méditerranéen est difficile à prendre comme un tout, tant sa diversité est grande (y compris et d’abord sur le plan culturel). Si elle peut être divisée en sous-ensembles, la Méditerranée est un espace unique, de dimension interocéanique. Or, la Méditerranée est aujourd'hui la principale zone de tension dans le monde. En effet, alors que la fin de la guerre froide s'est traduite par une diminution du nombre de conflits, notamment en Asie et en Amérique latine, la Méditerranée Euro-Arabe a vu l'émergence de plusieurs conflits nouveaux. Quelles difficultés d’ordre méthodologique soulève alors l’étude de la zone Méditerranée ? Surtout, cette dernière est-elle un ensemble géopolitique cohérent ?




Olivier St-Vincent
Responsable de l’Université Populaire de Boston
http://upboston.blogspot.com/
bostonup@hotmail.com
001-339-227-7554

Eléments de bibliographie sur la Méditerranée

La liste ci-dessous se contente de quelques ouvrages généraux
AFAYA N. 1997, L’occident dans l’imaginaire arabo-musulman, les éditions Toubkal, Casablanca, 139 p.
BRAUDEL F. 1997, La Méditerranée, l’espace et l’histoire, Paris, Flammarion.
BRAUDEL F. La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque dePhilippe II, 1re édition, Paris, Armand Colin, 1949
CHEBEL M. l’imaginaire arabo-musulman, PUF, 1993
BETHEMOND J. Géographie de la Méditerranée, Armand Colin, 2000
BORNE D. et SCHEIBLING J. (dir): La Méditerranée, Carré Hachette, 2002
Baron X. Les Palestiniens, genèse d'une nation, éd. du Seuil, 2003
CHALIAND G. Voyages dans 40 ans de guérillas, éd. Lignes de repères, 2006Encel F. Géopolitique de Jérusalem, Flammarion, 1998
Encel F. Le Moyen-Orient entre guerre et paix. Une Géopolitique du Golan, Flammarion, 1999
Encel F. Thual F. Géopolitique d’Israël, Seuil, 2004
Encel F. Géopolitique du sionisme, Stratégies d'Israël, Armand Colin, 2006.
Laurens H. La Question de Palestine I, l'invention de la Terre sainte 1799-1922 et La Question de Palestine II, Une mission sacrée de civilisation 1922-1947, Fayard, 1999-2002Corm G. Le Proche-Orient éclaté, Gallimard, 1999
LIEUTAUD J. (dir) Une mer entre trois continents : la Méditerranée, Ellipses, 2001
KAYSER B. Méditerranée, une géographie de la fracture, Aix, Edisud, 1996
LACOSTE Y. « La Méditerranée », Hérodote n. 103, Géopolitique de la Méditerranée, quatrième trimestre 2001
LACOSTE Y. Géopolitique : la longue histoire d’aujourd’hui, Larousse, 2006
LACOSTE Y. Géopolitique de la Méditerranée, Armand Colin, 2007
MUTIN G. Géopolitique du monde Arabe, Ellipses, 2001
MACCALIA F. « Limites et frontières de l’espace mafieux sicilien », in Méditerranée (ss/dir de Gervais-Lambony MA), Belin, 2002, p 119-121.
PREVELAKIS G. Les balkans, culture et géopolitique, Natahn, 1994
TROIN J.F. (ed.), Maghreb Moyen-Orient mutations, SEDES, Paris, 1995, 348 p.