mardi 29 janvier 2008

Histoire de la philosophie dangereuse : Prodicos, le philosophe à la fourrure

Histoire de la philosophie dangereuse:



Séminaire 7 : vendredi 01 février à 19h30, International School of Boston







Sujet: "Prodicos, le philosophe à la fourrure"

Synopsis: Prodicos est ce philosophe étrange, qui, dans le dialogue de Platon Le Protagoras, est décrit "blotti dans une fourrure". Mais derrière ce penseur à la sensibilté hédoniste, se trouve une philosophie à l'architecture cohérente et séditieuse, éminemment utile pour mener une existence libre et heureuse.
Je vous donne donc rendez-vous vendredi 01 févrirer à 19h30, pour notre dernière séance de philosophie dangereuse de l'année, avant la reprise des cours en septembre 2008, et la suite de l'archéologie des penseurs maudits.

lundi 21 janvier 2008

Histoire de la philosophie dangereuse : Antiphon, le philosophe hors-la-loi

Histoire de la philosophie dangereuse:






Séminaire 6: vendredi 25 janvier à 19h30, International School of Boston

Sujet: "Antiphon, le philosophe hors-la-loi"


Antiphon, de tous les sophistes, est l'un des plus chanceux : son oeuvre nous est parvenue sous forme de fragments importants, autorisant l'esquisse d'une philosophie subversive.
La question qu'il nous invite à penser est celle de la nature face à la culture: peut-on se passer des lois et imaginer une existence par-delà les contraintes du droit positif. En somme une existence de hors-la-loi vécue en toute liberté?
La réponse à ces interrogations inédites en philosophie, vendredi 25 janvier à 19h30.

Les figures du philosophe-voyou, pour une histoire dangereuse de la philosophie

Cours 5: Le réalisme tragique des penseurs voyous



Introduction :

A) Rappel :

• Nous avions vu, lors de notre dernière rencontre, le portrait de Socrate en guerrier, en spadassin, l’épée à la main. On avait attiré l’attention sur quelques faits historiques jamais considérés dans la biographie du philosophe célèbre : ses gestes, dans la polysémie du terme, durant la guerre du Péloponnèse : Potidée, Amphipolis, Délion. Autant de noms qui fonctionnent comme marques - « marqueurs » philosophiques, des cicatrices qui font qu’un homme n’est plus le même après. La guerre ne laisse pas indifférent. Elle trempe le caractère.

• Car, au Vème siècle plus qu’à aucun autre moment de l’histoire militaire, quand on est fantassin, comme l’était Socrate, on est confronté, condamné même, à prendre la vie de l’ennemi. Sans quoi, c’est lui qui vous la prend. On avait donc dit l’atrocité philosophique : Socrate, le père de la philosophie était un meurtrier. Ce fait dérangeant avait permis de mettre en valeur le relativisme de nos philosophes. Le prix même de la vie humaine est question de point de vue, relatif à une situation donnée, à une conception du monde. Il n’est en rien absolu.

• Notre rencontre avait aussi permis de remettre Socrate à sa place en termes d’historiographie philosophique : Socrate était un sophiste, athénien certes, au même titre que nos autres philosophes dangereux, et même un excellent sophiste, inclassable, et qui fut l’objet d’une « récupération » philosophique par Platon : à la mort de Socrate en 399 av J-C, Platon se met à rédiger des dialogues dont celui-là est le héros. Tout est alors possible pour Platon : pour extraire une philosophie socratique, on ne peut que se reporter aux faits historiques et biographiques.

• La mort de Socrate faisait sens : éloge du suicide, de la mort volontaire comme exercice philosophique. Que philosopher, c’est apprendre à mourir. Socrate regarde la mort en face : un examen attentif de son procès démontre que Socrate fait tout pour provoquer sa propre condamnation à mort. Et qu’une fois condamné, il ne fait rien pour s’y soustraire, alors que les moyens sont là pour s’échapper. Fin de la mystification platonicienne sur Socrate.


B) Les penseurs du réalisme tragique

• La mystification platonicienne cependant est plus solide que cela: le fait de faire tomber la statue de Socrate du côté de la philosophie dangereuse ne suffit pas à renverser l’œuvre de Platon. Il nous reste encore un groupe de penseurs qui a fait les frais de la forgerie platonicienne : c’est le groupe des philosophes de ce que j’appelle « le réalisme tragique ».

• Parmi eux on trouve aussi bien des historiens, comme Thucydide, ou des sophistes, tels Thrasymaque, Glaucon, Adimante et Calliclès. Nous allons examiner les nuances que chacun a apportées. Leur point commun : refuser de voir le monde en se voilant la face, en se racontant des histoires, en créant des « mythologies » pour le dire dans les termes de Roland Barthes. La mythologie, nous dit Barthes, c’est nos illusions sur les choses, véhiculées par l’idéologie.

• Ces penseurs affirment tous que le monde offre le spectacle de la loi du plus fort, qui fonctionne comme un véritable mécanisme, une sorte de déterminisme. On va voir exactement comment et pourquoi.

• Ces idées n’émergent pas au Vème siècle par hasard. La première raison est le contexte politique : celui des guerres entre hellènes (Spartes et Athènes) : toutes les batailles de la Guerre du Péloponnèse. L’ennemi n’est plus perse, ce n’est plus le barbare ni l’étranger, mais le grec, l’ancien allié, le frère.

• La seconde raison découle de la première. L’apparition d’un débat sur deux notions concepts clés : celui de la nature et de la culture. La phusis et le nomos. Autrement dit, faut-il suivre une existence à l’aune des lois de la nature, et avec elles, nos passions - haine, colère, violence, soif de rapine, ... - ou bien les lois culturelles, celle que la cité a élaboré, dans le cadre de la raison? On pourrait consacrer un séminaire à cette question, tant ses ramifications s’enracine dans le temps et plonge vers l’avenir.

• Nous allons donc voir quelles sont les réponses que nos penseurs voyous apportent à cette question de prime importance, à partir du moment où l’on décide de vivre sa vie de manière philosophique.


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I) Thucydide

II) Thrasymaque

III) Glaucon et Adimante

IV) Calliclès

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En conclusion:

Voila en ce qui concerne le concept de “ réalisme tragique”. Il s’agit donc de voir l’existence dans toute sa nudité, sans mensonge ni illusion rassurante, confortable et aveuglante: la loi du plus fort régit et détermine l’être humain, qui même s’il s’en croit débarrassé y est asservi. Le nomos sert à habiller la phusis pour étendre la domination de quelques uns sur la multitude. L’idée est donc de s’assumer et de se regarder en face, sans baisser les yeux. Et de célébrer sa propre volonté de puissance. C’est ce que je vous invite à faire dès à présent dans vos questions.

"Géopolitique de la Méditerranée" V : « Ben Laden a-t-il un projet géopolitique ? »




Carte des attentats islamistes, 1990 - 2003 (Rageau, 2005)






Les 8 règles du combattant de l'avant-garde.


Source: Abdullah Azzam, « Al Qaida al-Sulbah », Al-Jihad, n. 41, avril 1988, p. 46








Citations:



« Chaque musulman qui en est capable a le devoir personnel de tuer les américains et leurs alliés, civils et militaires, en tout pays où cela est possible »

Fatwa de février 1998 du Front international du jihad contre les juifs et les croisés



« Si donner un sens à la vie peut-être considéré en fonction d’une croyance en l’au-delà comme un acte religieux, vouloir organiser la société en conformité avec cette croyance est une démarche politique »

Rémy Leveau, 1992



Introduction :



Démarche : Je voudrais tout de suite avancer que si ce sujet parait racoleur, il ne l’est en fait pas du tout, le terrorisme étant un objet d’étude tout à fait valable des des sciences sociales en général et de la géopolitique en particulier.



En revanche, il s’agit d’un sujet d’actualité, avec tous les risques que cela implique, notamment de tomber dans le journalisme, c’est pourquoi nous tenterons de nous en tenir au raisonnement à froid de l’analyse géopolitique.



Ne vous attendez pas donc à des révélations sur l’endroit où se cache Ben Laden ou sur le fait de savoir s’il est toujours vivant. Pour éviter tout sensationnalisme je tenterais justement de me détacher de l’actualité afin de saisir la spécificité du projet géopolitique de Ben Laden.

Nous nous attacherons à saisir les tendances lourdes dans lesquelles la mouvance de ce personnage s’inscrit puis de voir ensuite quels ont été les événements déclencheurs de cette action violente. Ensuite je tenterai d’interroger l’espace afin d’interpréter cette mouvance Al Qaida dont Ben Laden est l’émir général. Pour cela, je me fonde sur un corpus de 8 textes, tous antérieurs au 11 septembre (présentés en annexe).



Ce que je peux vous dire en guise d’introduction c’est qu’Al Qaida est bien un groupe politique, guidé par une idéologie religieuse, mais qui fonctionne sur la base d’un réseau culturel. Ceci est fondamental.



Ben Laden n’est pas le seul à avoir recours à la violence pour satisfaire ses objectifs politiques mais il est le seul à avoir construit un groupe réellement multinational capable de frapper n’importe où dans le monde.



Et surtout il est considéré comme le symbole suprême de la résistance à l’impérialisme américain.



Or la question que l’on peut se poser est la suivante : pourquoi a-t-il besoin de frapper n’importe où dans le monde alors que ces objectifs principaux semblent être de libérer les lieux saints, l’Arabie Saoudite de la présence américaine et de faire le jihad dans les pays musulman. Autrement dit, comment est-il passé de l’Afghanistan des années 1980 au World Trade center. Ce paradoxe est-il expliqué par le projet géopolitique de ben Laden, ou bien par l’histoire stratégique de la constitution de son groupe ?



C’est ce que nous allons voir. Avant je voudrais faire un point rapide sur le terrorisme.



Le terrorisme :



Il est convenu de situer la double naissance du terrorisme contemporain à la date de 1968 : Avec la création de la matrice proche-orientale (FPLP de Georges Habache qui détourne deux avions de la compagnie israélienne "El Al" cela inaugure la vague contemporaine du terrorisme transnational, c’est-à-dire celui qui frappe ailleurs que sur le théâtre même où se situe le conflit) et la matrice latino-américaine, qui, après l’échec du Che en Bolivie, préconise la guérilla urbaine imités. Occident et au Japon è des mouvements qui espèrent modifier la situation des pays démocratiques : Rote Armee Fraktion en Allemagne fédérale, Brigades rouges en Italie, Action directe en France, etc.



Jusqu’au début des années quatre-vingts, il a surtout été laïque avant d’avoir, à partir de la révolution iranienne, une connotation religieuse, même si le projet reste fondamentalement politique.



Dans les années quatre-vingt-dix, il se distingue par le fait qu’il se manifeste aussi aux États-Unis: World Trade Center (1993) ou l’attentat meurtrier du bâtiment fédéral d’Oklahoma City exécuté par des membres de milices d’extrême-droite (1994).



En soi, le terrorisme est une méthode et l’appréciation politique d’un mouvement ou d’un groupe dépend, comme dans toute analyse d’une quelconque forme de violence politique, du contexte spécifique du mouvement ou du groupe et de l’analyste.



L’objectif premier du terrorisme est de répandre la terreur. Le total des trois décennies du terrorisme international contemporain serait d’environ 10 000 morts : ce chiffre est, militairement, de peu de conséquence. Le véritable impact est d’ordre psychologique : ce qui est d’abord visé, ce sont les esprits et les volontés.



Dans les faits, les succès politiques des divers terrorismes sont, à ce jour, extrêmement limités. Car aucun État n’a été déstabilisé, ni aucune politique radicalement modifiée sous la pression du terrorisme.



En fait, nos États sont aujourd’hui si puissants qu’ils ne sont soumis à aucune menace militaire. Ils ne peuvent être défiés que par des actes à caractère terroriste qui restent l’arme du faible.



Le terrorisme, qui est en somme devenu un substitut à la guerre, a certes une considérable capacité de nuisance mais son rôle déstabilisateur est de peu de conséquence et le nombre de ses victimes, du moins en ce qui concerne le terrorisme international, reste, si on se réfère aux trente dernières années, très limité.



Dernier point sur ce que n’est pas le terrorisme, à savoir la différence avec la guérilla : le territoire et le nombre.





Qui est Ben Laden ?



1979, une date clé



Le rôle de l’Afghanistan pour Ben Laden, première étape capitale



1991: le rôle de la guerre du Golfe



1991 : Le soudan, seconde étape capitale



Il revint à l’été 1996 en Afghanistan





Qu’est ce qu’Al-Qaida ?



Les origines d’Al-Qaida



Structure



Répartition géographique



Stratégies





Les représentations et le projet géopolitique de Ben Laden



Ben Laden a une vision binaire du monde



Ben Laden a, en outre, une vision romantique, un romantisme tragique, du monde



Un projet géopolitique assez simple



Afin de réaliser ce projet, Ben Laden a trois objectifs à court, moyen et long terme





Interprétations



La dimension existentielle de l’acteur



L’occidentalisation du monde





Conclusion : La vulnérabilité des sociétés occidentales



Nous avons donc vu que Ben Laden a repris une organisation crée par Azzam, une avant-garde des fidèles, selon les deux hommes. Ben Laden a aussi été influencé par la nature multi-ethnique du jihad afghan et par la pensée panislamique d’Et Tourabi, son hôte du Soudan.



Nous avons également vu que Ben Laden n’a jamais interprété l’Islam pour soutenir un but politique mais que l’Islam, sous la forme du Califat et de la Umma est son but politique, son projet géopolitique.



Les démocraties libérales se sont révélées particulièrement vulnérables face à ce projet et à l’infiltration d’Al-Qaida, ceci pour deux raisons majeures : les terroristes exploitent les deux dimensions fondamentales de nos sociétés, la démocratie et l’économie de marché. Ces deux dimensions étant complètement retransformées par le processus structurel de mondialisation.



Ainsi de la démocratie, Al-Qaida a largement profité de la tolérance et de la liberté d’expression et même des limites que nos constitutions imposent au contre-terrorisme. Des économies de marché, Al Qaida a profité de la circulation des biens et des personnes, de la mise en réseau et des nouvelles technologies.



Al Qaida en tant qu’hyperterrorisme est problématique, mais le plus dangereux est la séduction qu’il exerce et il faut donc lui opposer une contre idéologie puissante et crédible.



Car si aucun groupe terroriste n’est immortel et qu’il dure en moyenne 14 ans (Chaliand y voit lui un épiphénomène, dérangeant mais marginal) Al Qaida radicalise les pensées de l’homme moyen.



Ainsi une stratégie de réponse à court moyen et long terme devrait inclure une réponse militaire, puis idéologique et enfin politique et sociale (ie, régler les motifs de plainte de la "rue musulmane").



Annexes :



Présentation des huit documents :



Le premier est une déclaration de guerre. Daté du 23 août 1996, elle intervient après l’attentat dans le camp militaire de Khobar en Arabie Saoudite de juin 1996. Ce communiqué, intitulé « declaration of war against the americans occupying the land of the two holy places », sera considéré par le monde occidentale et les Etats-Unis en particulier comme une déclaration de guerre (Blanc, 2001). Keppel y parle lui d’une déclaration de jihad (Keppel, 2000). Ce texte de 14 pages s’apparente dans sa forme à la production des du courant « salafiste jihadiste » tels ceux produits par la revue du GIA al-Ansar par exemple (Keppel, 2000). Le texte est rempli de citations coraniques, de hadith (les faits et dires du prophète) et de références à Ibn Taïmiyya. Ce texte exprime sa vision géopolitique du monde, les raisons de ces prises de position et les solutions préconisées. Le communiqué est destiné aux musulmans du monde entier et particulièrement à ceux de la péninsule arabique.



Le deuxième texte est une interview. Datée de octobre-novembre 1996, pour le magasine Nida’ul’s Islam, magasine bi-lingue édité en anglais et en arabe, et basé au Qatar. Dans ce texte de cinq pages, il est ici plus question de la situation propre au royaume saoudien et de sa politiquer intérieure et extérieure. Le ton y est moins emphatique.



Le troisième texte, daté de mars 1997, est une interview pour CNN de Peter Arnett. L’entrevue se passa dans l’est de l’Afghanistan et les questions furent posées à l’avance. Ben Laden revient sur tous les grands thèmes : jihad, unifications de tous les musulmans…



Ensuite nous présentons une fatwa. C’est un texte succinct mais non signé uniquement de sa main. En février 1998 se crée, en effet, le Front international du jihad contre les juifs et les croisés. Cinq personnalités dont Oussama Ben Laden ; Ayman al-Zawahiri, le leader du groupe al-Jihad ; Abu Yasir Ahmad Taha, leader de la gama’a islamiyya ; Mir Hamzah, secrétaire du JUP (Jamiat-u Ulama-e Pakistan) ; Fazlul Rahman, leader du mouvement al-Jihad du Bengladesh. La déclaration de six pages rendant publique la création de ce front fut publiée quelques temps plus tard. Elle citait aussi abondamment le Coran et Ibn Taïmiyya et reprenait les accusations passées contre « l’alliance sioniste croisée » (Blanc, 2001), cependant, elle passe à un nouveau stade de l’affrontement contre celle-ci grâce à la fatwa qui l’accompagne. Il faut savoir qu’une fatwa est une « réponse rendue sur une question juridique par un juriste chargé de présenter, pour ce cas précis, une interprétation qui facilite l’application de la loi » (Sourdel, 1996). Cette fatwa stipule que « chaque musulman qui en est capable a le devoir personnel de tuer les américains et leurs alliés, civils et militaires, en tout pays où cela est possible ». Comme nous l’avons vu, le 7 août suivant les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam explosent. Lors de l’étude de textes normatifs comme une fatwa (texte de loi), il convient d’étudier son applicabilité et sa forme : est-elle dans le canon des autres textes produits. Nous ne le ferons pas par manque d’exemple. Pour ce qui est de son applicabilité, elle semble opérationnelle dans l’absolue, et l’a même été plusieurs fois.



Les deux derniers textes sont encore des interviews. L’une de mai 1998 pour la chaîne ABC, il s’agit de l’entretient de John Miller précédé par celui de la garde personnelle de Ben Laden (Muhammad Atef et le leader du djihad islamique) et de moujahidines. Les questions, comme pour de nombreux entretiens sont soumises par avance et cela se passe en Afghanistan. L’autre entretien est de juin 1999, il s’agit de celui d’une chaîne américaine, par Salah Najm ; sa spécificité est de combiner des réponses de Ben Laden et des interventions de protagonistes et connaisseurs du contexte. Au cours de ces entretiens, Ben Laden condamne les forces occidentales qui interviennent dans les pays musulmans et qui soutiennent Israël, qui tuent depuis longtemps des palestiniens mais aussi les enfants irakiens…La rhétorique que nous connaissons aujourd’hui semble se structurer à cette époque.



Un article de Azzam de 1988 sur la naissance d’Al qaida : Abdullah Azzam, « Al Qaida al-Sulbah », Al-Jihad, n. 41, avril 1988, p. 46 . Azzam y présente les objectifs de la base solide, avant-garde de la lutte islamiste mais aussi les principes nécessaires au succés de cette entreprises. Il meurt l'année suivante et le projet est repris par Ben Laden.



Déclaration de Jihad contre les tyrans du pays, serie militaire, manuel d’entrainement d’Al-Qaida.

lundi 14 janvier 2008

« Ben Laden a-t-il un projet géopolitique ? », cours V de la Géopolitique de la Méditerranée



Cette semaine, le vendredi 18 janvier 2008 à 19h30, le cinquième cours sur la "Géopolitique de la Méditerranée" parlera de :

« Ben Laden a-t-il un projet géopolitique ? »


Nous sommes entrés dans l’ère moderne du terrorisme en 1968, lorsque que le FPLP de Georges Habache détourna deux avions de ligne d’El Al afin de faire connaître sa cause palestinienne, inaugurant ainsi la vague contemporaine du terrorisme transnational, c’est-à-dire celui qui frappe ailleurs que sur le théâtre même où se situe le conflit (Chaliand, 2006). Avec le 11 septembre 2001, Ben Laden, lui, opéra une césure qualitative dans ce terrorisme moderne, en le faisant évoluer vers ce que François Heisbourg nomme un « hyperterrorisme » (Heisbourg, 2001). Alexandre Adler en conclut même qu’il avait vu ce jour là « finir le monde ancien » (Adler, 2002). Nous pouvons donc légitimement nous interroger sur ce qui caractérise cet « hyperterrorisme » ? Mais surtout quelle en est la signification ? Autrement dit, que veut cet improbable millionnaire ainsi que sa nébuleuse islamiste : a-t-il un projet géopolitique ?

Pour cela, nous tenterons de répondre aux simples questions suivantes: (i) Qui est-il ? (ii) Que veut-il ? (iii) Et pourquoi ? Afin de préparer le cours de vendredi soir, je vous invite donc à réfléchir aux trois problématiques qui structurent la conférence.

jeudi 10 janvier 2008

Géopolitique de la Méditerranée, cours IV, intervention de Pacal Lepesqueux sur la géopolitique de la francophonie

Eléments de bibliographie commentée sur la francophonie méditerranéenne et ses enjeux :

Afin de prolonger le débat sur les enjeux de la francophonie en Méditerranée et nourrir votre réflexion linguistique en général ou sociolinguistique en particulier ( si, si vous en avez une, même si vous ne la nommez pas comme telle), je vous propose une sélection variée d’articles et d’ouvrages permettant à la fois une première approche ou une étude plus poussée des phénomènes sus-décrits :

Enjeux méditerranéens :

Pour commencer, vous pouvez lire :

L’Union méditerranéenne fait son chemin, Al-Ahram, Numéro 687, semaine du 7 au 13 novembre 2007.

Dans cette interview récente accordée au journal francophone Egyptien Al-Ahram, Jean-Marie Rockel, Secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie, évoque la nouvelle politique de coopération méditerranéenne de la France et sa vision pour y promouvoir la Francophonie.

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2007/11/7/invi0.htm

Ensuite, pour plus d’approfondissements :

Raïd , Zaraket, Identité méditerranéenne et Francophone : l’Histoire d’une altérité et d’un partage, Ethiopiques, n° 74 ,1er semestre 2005.

Dans cet article, l’auteur évoque les rapports parfois conflictuels entre les différents acteurs culturels francophones dans la construction d’une identité méditerranéenne commune.

http://www.refer.sn/ethiopiques/imprimer-article.php3?id_article=266#nb1

Ou encore :

Kraemer, Gilles, La presse francophone en Méditerranée, Maisonneuve et Larose-Servedit , 2001

Gilles Kraemer, Journaliste, docteur en sciences de l’information, s'interroge, lui, sur le rôle joué par une soixantaine de quotidiens et d’hebdomadaires francophones d’Afrique du Nord, d’Égypte et du Liban dans la préservation ou la promotion de ce quón nomme désormais l’arabofrancophonie.

http://www.ulaval.ca/afi/colloques/colloque2001/actes/textes/kraemer.htm

L’université de Rouen publie une revue en ligne consacrée à la sociolinguistique, intitulée Glottopol : http://www.univ-rouen.fr/dyalang/glottopol/

Abordant tous les aspects liant langage et société, le premier numéro était consacré aux problèmes d’aménagement linguistique et au rapport entre langue et construction dune identité nationale, notamment au Maghreb.

Quelle politique linguistique pour quel Etat-nation ?, Glottopol, n. 1, janvier 2003, http://www.univ-rouen.fr/dyalang/glottopol/numero_1.html

Je vous recommande plus particulièrement les articles suivants :

Grandguillaume, Gilbert, Arabofrancophonie et politiques linguistiques, Glottopol, 1, janvier 2003, p. 70-75

Haddadou, Mohand-Akli, L'Etat algérien face à la revendication berbère : de la répression aux concessions, Glottopol, 1, janvier 2003, p. 131-138

Et, pour connaître les fondements idéologiques qui soutiennent les politiques d’arabisation que subit le Maghreb depuis les années 1960 on pourra lire l’article de M. Laroussi, Foued, Glottopolitique, idéologies linguistiques et Etat-nation au Maghreb, Glottopol, 1, janvier 2001, p. 140-150

Sur des concepts plus généraux :

L’Université de Laval (Québec) entretient un site Internet consacré aux langues du monde et aux politiques et situations linguistiques

(http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/index.shtml.) Les pages intitulées Qu'est-ce que la Francophonie ? abordent clairement l’évolution passée et présente du concept même de Francophonie : http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/francophonie.htm

Hagége, Claude, Halte a la mort des langues, Paris, Odile Jacob, 2002.

Professeur au College de France Claude Hagége, dans cet ouvrage de 2002 lance un cri d’alarme en faveur de la diversité linguistique :

"Sait-on qu'en moyenne, il meurt environ 25 langues chaque année ?
Il existe aujourd'hui dans le monde 5 000 langues vivantes. Dans cent ans, si rien ne change, la moitié de ces langues seront mortes. À la fin du XXIe siècle, il devrait donc en rester 2 500 environ, et sans doute beaucoup moins encore si l'on tient compte d'une accélération, fort possible, du rythme de disparition. Certes, comme les civilisations, les langues sont mortelles, et le gouffre de l'histoire est assez grand pour toutes. Pourtant, la mort des langues a quelque chose de tout à fait insolite, et d'exaltant quand nous nous en avisons : les langues sont capables de résurrection ! Mais la vigilance s'impose, faute de quoi toutes sont menacées, y compris le français. "


Comme introduction aux concepts linguistiques, on consultera avec intérêt le site personnel de ce même Claude Hagége : http://claude.hagege.free.fr/

Calvet, Louis-Jean, La guerre des langues et les politiques linguistiques, Paris, Hachette Littératures, 2005.

Autre linguiste Français célèbre, Louis-Jean Calvet consacre également un de ses derniers ouvrages à une réflexion sur l’avenir des langues :

« Le plurilinguisme est inconsciemment perçu dans nos sociétés à travers le mythe de Babel et vécu comme un mal, comme une punition divine. en multipliant les langues, Dieu aurait non seulement mis fin à l'entreprise de la fameuse tour, mais surtout mis un obstacle de taille à la communication entre les différents peuples.
Ce défi de Babel est pourtant relevé quotidiennement dans la pratique des hommes, malgré les planificateurs qui tentent d'instaurer le monolinguisme dans les frontières des Etats. Cette planification linguistique, forme concrète de ce qu'on appelle plus largement la politique linguistique, n'est jamais que la vision moderne d'une vielle tentation. Si la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens, la politique linguistique est, à l'inverse, une forme civile de la guerre des langues. Louis-Jean Calvet appelle à une réflexion enrichissante sur l'avenir de nos langues, sur les moyens de les défendre dans le respect de celles des autres.»


Enfin :

Laroussi, Foued, la problématique du plurilinguisme et du pluriculturalisme, Colloque sur le bilinguisme et l’interculturalité, 20 mars 2006, Mayotte.
M. Foued LAROUSSI, déjà cité, a récemment participé à un colloque sur le bilinguisme et l’interculturalité. Il y traitait notamment des problèmes de définition, au sens propre comme au sens figuré, liés au bilinguisme.

On trouvera trace de son intervention là l’adresse suivante : http://www.ac-mayotte.fr/spip.php?article218

Bonne lecture !
Pascal Lepesqueux

lundi 7 janvier 2008

Les "Rendez-vous de Schoenhof's"



En 2008, l’équipe de l’Université Populaire de Boston vous donne rendez-vous une fois par mois, à la librairie Schoenhof's, 76A Mount Auburn Street, Cambridge, MA 02138, à 11h00, pour une synthèse mensuelle des séminaires de l’UP Boston.


Ce samedi 11 janvier, l’équipe des professeurs de l’UP s’intéressera au sujet suivant :

« Les pensées en marges et les marges de la pensée en Grèce au Vème siècle avant Jésus-Christ ». Le cours sera suivi d’une discussion.

Olivier St-Vincent
Responsable de l'Université Populaire de Boston
http://upboston.blogspot.com/
bostonup@hotmail.com


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Histoire de la philosophie dangereuse : Le « réalisme tragique » des penseurs voyous





Cette semaine, Vendredi 11 janvier 2008, Olivier Saint-Vincent animera son cinquième séminaire sur "L'histoire de la philosophie dangereuse"


Le sujet du cours est: Le « réalisme tragique » des penseurs voyous

Au Vème siècle avant Jésus-Christ, certains sophistes, tels Thucydide, Trasymaque et Calliclès, dévoilent sans pudeur ni retenue le mécanisme qui régit les rapports entre les hommes : la loi du plus fort.
Ce « réalisme tragique » est-il à déplorer ? Ou bien faut-il s’en féliciter, en vue de la construction d’une éthique par delà le bien et le mal ? Voilà les questions auxquelles je vous engage à réfléchir en vue de notre rencontre de vendredi soir.

Olivier St-Vincent
Responsable de l'Université Populaire de Boston
http://upboston.blogspot.com/
bostonup@hotmail.com 001-339-227-7554